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Pause des vacances de Février ... On rentre comme dans un moulin ici!

Un peu de réflexion sur notre travail ne fait jamais de mal, profitons de la trêve des vacances de février pour cela. Si nous devions en définir les spécificités qui se dessinent cette année il est certain que nous devrions citer en premier lieu le phénomène que nous appelons "Le Moulin".


Le Moulin 

La salle ou se déroule le club est une grande salle d'étude et l'animateur est présent de 12 heures à 14 heures. Au départ ces horaires ont été déterminés pour simplement permettre à tous de venir. Les horaires de sortie de cours et de passage à la cantine ne sont pas clairs. Aussi le club fonctionnant de 12 à 14 heures, nous espérions couvrir une plage suffisante pour être présents au "bon moment"; ensuite informés des horaires, nous pourrions trouver un espace temporel plus précis. Mais la nature ayant horreur du vide, les participants sont simplement arrivés entre 12h et 14h.  Le débat s'est donc installé dans un lieu ouvert mais aussi dans un temps ouvert. Comme dans "Le moulin" de l'imaginaire collectif d'où l'on rentre et sort sans autre façon.  

Maintenant, Les participants organisent librement leur temps de présence. Ce temps est articulé essentiellement autour du temps du repas de midi. Il viennent avant de manger, après, parfois avant puis ensuite reviennent après. Mais d'autres éléments sont aussi déterminants dans l'articulation de ce temps: le menu du jour (le plat principal n'est pas toujours disponible après 13 h), les rendez-vous avec les amis, les histoires d'amour et d'amitié, les horaires de cours, la météo, les devoirs à finir, les interrogations à réviser, les copines à consoler, un jeux à partager sur un téléphone portable et bien d'autres choses à faire d'urgence... qui sont déterminantes pour savoir si et quand on va aller au club.

Cette désorganisation qui nous apparaissait "incompatible" avec un travail intellectuel personnel  et collectif donne pourtant des résultats surprenants. L'atelier est devenu un atelier que l'on peut qualifier d'"anarchique" sur le plan de la présence au moins. Chacun arrive et part quand il le veut et celui qui représente l'ordre (l'animateur) n'intervient pas sur ce point. C'est étrange et de fait un grand nombre des règles habituelles d'un espace de travail : Horaires, présence, continuité de la présence dans le travail ne sont plus ni contrôlées, ni respectées.

Ce qui a été mis en place comme une adaptation à notre incapacité à la compréhension administratives des horaires est devenu la plus forte différente de l'atelier avec les propositions d'atelier de discussion de référence. Il ne s'agit là que d'une différence de forme. Le fond: "La mise en place d'une pensée critique [1]", "la transformation du groupe en communauté de recherche"[2], "la remise en cause de la place de l'adulte référent"[3],  L'entrée dans le monde des fondamentaux et de leurs conflits [4] est commun à celui proposé par bien des expériences précédentes. 

L'anarchie ou l'auto-responsabilité 

Pourtant n' a-t-on pas l'habitude de dire que le fond force la forme ? Si c'est le cas quel est l'impact de notre forme "anarchique" sur notre réflexion et sur les apprentissages qui en découlent. Est-elle dangereuse, déstructurante? ou au contraire libératrice et fortifiante? et dans quelle mesure? Certes, le club fonctionne (nous en sommes les premiers surpris nous qui pensions pas que le travail intellectuel ne pouvait se découper aisément), les participants sont présents (peut-être même en trop grand nombre), les niveau de réflexion et de sincérité nous semble de qualité. Mais cela est-il encore un atelier de pensée critique? Une communauté de recherche? L'adulte référent a-t-il encore le même rôle que dans un atelier plus traditionnel? La parole échangée permet-elle de s'approprier les fondamentaux et d'éclairer nos conflits et ceux de notre société?

Les recherches du CRESAS et celles de Loczy Pikler montrent que pour que les participants (enfants) soient calmes il doivent posséder ce que ces chercheurs nomment une "motricité libre"[5]. Mais la "motricité libre" poussée à son paroxysme, le club n'en devient-il pas un couloir on l'on ne fait que passer?

Comment savoir ?

Comment savoir donc, ce que l'on perd ... ce que l'on gagne ... à cette liberté. Nous proposerons un questionnaire aux participants afin d'évaluer l'impact de ce fonctionnement particulier. Si vous avez des questions que vous aimeriez leur (ou vous) poser, écrivez-les en commentaires à cet article, je les intégrerai dans le futur questionnaire.  

Référence 

[1]Matthew Lipman, A l'école de la pensée parie 2 chapitre 4 et 5
[2]Matthew Lipman, A l'école de la pensée parie 1 chapitre 1,2 et 3 
[3]Michel Tozzi, Sylvie Solère-Queval Le rôle du maître dans la discussion à visée philosophique à l'école primaire et au collège
[4] Jaques lévine et al., L'enfant philosophique avenir de l'humanité
[5] Myriam David et al., Loczy ou le maternage insolite. 

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