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samedi 22 avril 2023

Mediathèque de Noé : 13 mai 2023 - Doit-on séparer l'Homme de l'artiste?

 


L'Homme, l'artiste, l'œuvre
Séparer l'Homme de l'artiste : Pourquoi, pour protéger l'Homme ? l'œuvre ? ou encore pour pouvoir honorer l'artiste ?
Ne pas séparer : Pour punir l' Homme, protéger le public d'un défaut moral (si l'œuvre me contient), rendre un justice équilibrée ? 


Roman Polanski : est-il possible de distinguer l’homme de l’artiste ?

"Distinguer l'homme de l'artiste, ça a été une des grandes constantes du 20ème siècle, au nom d'une indépendance de l'oeuvre, de l'idée que peu importe l'artiste et sa moralité, ce qui vaut c'est l'œuvre. Ce qui répond du coup aussi à la liberté du spectateur qui va voir cette oeuvre ou ne va pas la voir.

"Le problème à mon sens c'est qu'il y a un trait d'époque qui est que l'oeuvre est de moins en moins séparable de l'artiste. On sort de l'image acquise dès le 19ème siècle de l'artiste tout puissant et exceptionnel. De plus en plus, il y a une demande sociale. On lui demande l'exemplarité."
Fabienne Brugère _ 2019
 

Texte : https://www.philomag.com/articles/peut-dissocier-loeuvre-de-lauteur-de-gisele-sapiro


Confondre l’œuvre et l’artiste, c’est suivre une conclusion superficielle qui se détache de sa profondeur. L’artiste est un transmetteur. Non pas d’un message mais du don de vision qui lui a été octroyé. Considérer l’œuvre comme produit personnalisé de l’artiste, en cela que l’œuvre contient les traits de l’artiste en tant qu’homme-artiste, c’est ne pas voir que la réelle relation de dépendance est celle qui lie l’artiste à son œuvre et non l’œuvre à son artiste. Car finalement, comme dirait Hannah Arendt à propos de son ami connu tardivement Walter Benjamin, ce ne sont pas les œuvres qui habitent en lui, « c’est lui qui habite en elles ». THOMAS DUTRIEZ

On pourrait donc résumer la bonne position à adopter par : « on peut séparer l’artiste de l’œuvre, pour en profiter tout en condamnant l’artiste ». Il est tout-à-fait possible de condamner un homme sans appliquer de puritanisme moral à son œuvre et donc sans la condamner à cause de lui. Mais cela n’empêche pas de ne pas lui décerner de prix ni de l’exclure des cercles artistiques.

Est-ce de l’ingratitude, un manque de reconnaissance envers l’artiste ? Non car, Oscar Wilde encore : « révéler l’art en cachant l’artiste, tel est le but de l’art ». Et quel besoin y a-t-il de récompenser les artistes ? Dans son livre Asphyxiante culture, le plasticien et écrivain Jean Dubuffet insiste sur la différence entre les artistes et les gens de culture qui décernent les prix et commentent les œuvres. Seuls ces cercles ont besoin d’artistes, d’idoles. Nous, nous n’avons besoin que d’art. VICTOR RAMZI

Finalement on a tous des regards différents, mais nous avons aujourd’hui la possibilité et peut-être la nécessité d’éduquer notre regard. Avoir un regard critique sur ce que l’on voit et sur le lien entre l’œuvre et l’auteur et entre l’auteur et l’œuvre.

Proust soutient que rien ne sert de connaître la biographie des auteurs mais que seule l’œuvre compte. Par cela, on peut se dire que l’analyse d’un film n’est pas nécessairement liée à l’auteur et que l’on peut se permettre justement de distinguer l’œuvre de l’auteur. ÉGLANTINE LE FORT

Le droit en pense quoi?




 




jeudi 20 avril 2023

College du Lherm - 5 mai 2023 - Le Dilemme Moral

 



Le dilemme un choix impossibe ?

Si l'on se tourne vers la philosophie de la morale, nous ne sommes alors pas beaucoup plus apte, me semble-t-il à aider notre Ingénier F.T., Là où Kohlberg déclare que selon lui un raisonnement véritablement moral implique des caractéristiques telles que l'impartialité, la capacité d'universaliser, la réversibilité (réciprocité des obligations morales), la reconnaissance des normes en usage (système de pensée qui pousserait notre ingénieur à accepter son nos nouveau poste), C. Gilligan considère, contrairement à Kohlberg, que le jugement moral doit être relativisé par le contexte : " Il n'y a pas que l'égalité. Il faut prendre en considération la façon dont les gens vont pouvoir mener leur vie ". Il affirme que ce ne sont pas les principes de justice mais le " bien " (bonheur personnel, choix de vie : éthique) qui guident les choix d'une personne, et si ce " bien " lui-même est relatif au contexte historique et au projet de vie personnel, alors son objection est recevable pour Habermas. Voilà notre ingénieur renvoyé à ses interrogations insupportables.

Pour le philosophe Kant, d’un point de vue de la perspective déontologique, les devoirs ou les règles ne peuvent être en conflit. Le principe kantien stipule que « le devoir implique le pouvoir et exclut toute possibilité de dilemme moral ». Plus fort : Le devoir est la base du pouvoir et donc de l’action. Si deux devoirs s’opposent dans la même situation, alors l’individu ne peut pas avoir le pouvoir d’agir car il est paralysé éthiquement. Et comme il est paralysé, il n'y a pas de dilemme. Il ne peut rien faire.


Tu ne peux pas choisir, ce n'est pas un dilemme, c'est une paralysie.

Et pour John Stuart Mill (1988), la recherche de bonheur (comme pour Hanermas) est la solution de tout dilemme. Pour cette perspective - nommée utilitariste. 

Bon, ne cherchons plus une solution magique immédiate. Cherchons donc préalablement à nous situer ! Ainsi, ensuite peut-être y verrons nous plus clair.

Avant de vouloir régler son dilemme, régler ses propres références de valeur soit : "Comment vous situez-vous dans la résolution du dilemme moral ?"

Dans un premier temps, pour s’entraîner en quelques sorte,  cherchons à comprendre comment vous allez régler des dilemmes dont vous n'êtes pas la victime.

Je vous propose donc de mieux savoir qui vous êtes en tant que régleur de dilemme. Cherchons une taxinomie des régleurs de dilemme et trouvons nous ensuite.
La taxinomie C'est Maxi ou Mini.
Alors vous ?  Qui êtes vous: un Minimaliste ou Maximaliste?

Ruwen Ogien - Ethique et Dilemmes moraux


https://vimeo.com/38982788

Le regretté Ruwen Ogien à en 2007, à ouvert la voie de cette taxinomie avec un travail nommés : "L’Ethique aujourd’hui. Maximalistes et minimalistes".  

Notre livre de référence, disponible à la vente à Le cours Napoléon à Noé

Mais c'est avec le livre de Marianne Chaillan "Pensez-vous vraiment ce que vous pensez ?" que nous nous essayerons de nous positionnés soit en tant que Max soit Mini.

En effet à la manière des magazines de plage, Marianne Chaillan, nous propose un test de personnalité. Alors venez vous confrontez à des dilemmes moraux pour savoir "qui vous êtes".  Maximaliste ou Minimaliste ?





A vos dilemmes


Quelques Dilemmes pour vous entraîner  dont certains venant de L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine:

Vol d'enfant 

Une femme fait une fausse couche à la fin de sa grossesse. N'osant pas l'avouer à son mari, dans un accès de folie, elle vole un enfant au hasard à la maternité et rentre chez elle. Par une coïncidence incroyable, cet enfant n'était pas réellement désiré par sa famille biologique, qui se trouvait être un couple d'alcooliques. Maintenant, ce petit grandit dans une famille aimante prenant soin de lui. Dirais-tu que cette femme est une criminelle ?

Le “Dilemme du Tramway” revisité
Cet expérience de pensée est construite d’une manière très similaire au très connu “Dilemme du Tramway”. Dans une des versions de ce dilemme, un individu peut modifier la trajectoire du tramway en actionnant l’aiguillage. S’il ne le fait pas, 5 personnes mourront. S’il le fait, 1 seule personne mourra. Le but de cette expérience est – entre autres – de voir si oui ou non nous raisonnons de manière conséquentialiste, c’est-à-dire en fonction des conséquences de nos actes (ici la souffrance/douleur causée ou évitée).
Vous Faîtes quoi ?

Un violoniste dans le dos

Un matin, au réveil, curieuse surprise. Non seulement il y a un inconnu dans votre lit - ce sont des choses qui arrivent -, mais il est branché dans votre dos par un réseau de tubes qui, entre vous et lui, font circuler du sang et d'autres liquides - ce qui est quand même plus rare. L'homme est un grand violoniste, un génie absolu. Il est atteint d'une maladie des reins, et vous étiez le seul organisme compatible. Ses admirateurs vous ont donc kidnappé, endormi, opéré. Vous en avez pour neuf mois. Si vous le débranchez, le violoniste mourra. Mais, après tout, vous n'avez vraiment rien demandé. En un sens, c'est même un cas de légitime défense. Si vous exigiez qu'on le débranche, seriez-vous moralement monstrueux ? 

L'amour fraternel ?

Deux adolescents, frère et sœur, font l'amour un soir d'été en étant sûrs de n'avoir pas d'enfant (elle est stérile et ils ont utilisé deux préservatif l'un sur l'autre. Très bien caché, ils ont la certitude que personne n'en saura jamais rien. Il y prennent beaucoup de plaisir. doivent--ils recommencer?

Des documents utiles 


mercredi 12 avril 2023

College du Lherm - 20 avril 2023 - Si vous pouviez être invisible ?


 




Le mythe de l'Anneau de Gygès

Il était une fois un berger au service d'un roi ; au cours d'un violent orage accompagné d'un séisme, la terre se fendit et une ouverture béante apparut près de l'endroit où il faisait paître ses troupeaux. Voyant l'abîme et s'émerveillant, il descendit et vit, parmi bien d'autres merveilles, un cheval d'airain, creux, avec des ouvertures, à travers lesquelles, en se penchant, il aperçut un cadavre qui paraissait plus grand que celui d'un homme, et qui ne portait rien d'autre que, à la main, un anneau d'or, qu'il lui déroba. Et il s'en fut. Lorsqu'arriva le jour de la réunion des bergers, en vue d'aller faire au roi le rapport mensuel sur l'état des troupeaux, il y vint portant cet anneau au doigt. Alors qu'il était assis au milieu des autres, il lui arriva par hasard de tourner la bague autour de son doigt, vers l'intérieur de sa main. Il devint soudain invisible à ceux qui étaient assis avec lui, et ils parlaient de lui comme s'il était parti. Et lui de s'émerveiller et, manipulant de nouveau à tâtons l'anneau, il le tourna vers l'extérieur et, en le tournant, redevint ainsi visible. Réfléchissant à l'expérience après la réunion, il refit l'essai avec l'anneau pour voir s'il avait bien ce pouvoir et en arriva à la conclusion qu'en tournant la bague vers l'intérieur, il devenait invisible, vers l'extérieur, visible. Fort de cette découverte, il fit aussitôt en sorte de devenir l'un des messagers auprès du roi et, sitôt arrivé, ayant séduit sa femme, il s'appliqua avec elle à tuer le roi et prit ainsi le pouvoir. L'invisibilité lui ouvrit bien des aisances pour réaliser son forfait.

Ainsi donc, on peut conclure de cette histoire que si on donnait l'invisibilité à un homme juste, il ne resterait pas fidèle à la justice. Il ne pourrait s'empêcher de voler, de faire au gré de ses désirs. Invisible, le juste aurait toutes les ressemblances d'un homme injuste.

La justice n'est donc pas un choix individuel mais une obligation donnée par un groupe. Tous les hommes pensent en réalité que l'injustice est beaucoup plus avantageuse que la justice. Ceux qui penseraient le contraire seraient considérés par les autres comme les plus malheureux et les plus ridicules des hommes»

(texte tiré de Platon, République, livre III et adapté)


Question de départ ? Qu'auriez-vous fait à la place du berger, si vous aviez le pouvoir de devenir invisible ? Pourquoi ne le faites-vous pas en étant visible ? 

Questions de relance : Rapport justice/punition : L'impunité est-elle la source de l'injustice ? Le risque de la punition est-elle la principale raison d'être juste/de respecter la loi ? Rapport entre visibilité et morale : Le fait d'être regardé change-il votre comportement ? En quoi et pourquoi ? Le fait de ne pas être vu change-t-il parfois votre comportement ? Comment ? Pourquoi ? Est-ce intéressant d'être juste si on paraît injuste ? Que faites-vous seulement parce qu'on vous regarde ? Que faites-vous seulement parce qu'on ne vous regarde pas ? Rapport justice/bonheur Peut-on être injuste et pourtant heureux ? Peut-on être toujours juste et pourtant malheureux ? L'injustice rend-elle plus heureux que la justice ? L'injustice est-elle plus avantageuse que la justice ? Rapport entre pouvoir et justice Pour parvenir au pouvoir, faut-il être injuste ? Pour exercer le pouvoir, faut-il être juste ? Pour exercer le pouvoir, faut-il paraître juste ? Rapport entre être et paraître juste Vaut-il mieux être juste ou paraître juste ? Peut-on parfois être injuste et paraître juste ? Peut-on parfois être juste et paraître juste ?


jeudi 6 avril 2023

Mediathèque Noé 15 avril 2023 - Peut-on vivre sans Dieu ?

Séance Hybride pour se connecter en Vidéo allez sur le site https://meet.jit.si/ et taper le mot clé CludDiscussion (attention le C et le D sons en majuscule) dans l'espace de saisie puis cliquer sur le bouton Démarrer la conférence. Et en physique à la Médiathèque de Noé

Ma grand-mère animée par la "foi du charbonnier", avec qui je m'interrogeais, il y a 30 ans sur la nécessité de donner une éduction religieuse à mon fils qui venait de naître, me déclara : " Ce qui est important c'est la crainte de Dieu!". 
Cela signifiait simplement que la peur du regard de Dieu devait diriger vos actions. Ce regard qui était pour elle, la garantie conscience en éveil. Comme l'élève travaillant avec application sous les yeux d'un maître craint, aimé, secret et cela pour des raisons inexplicables et acceptées ...  
Mais si pour beaucoup "Dieu est mort", comment peut-on ? 


Au cas où elle réussirait, la psychanalyse fournirait-elle la preuve qu’il est possible de se passer du Nom-du-Père, si on s’en sert ? S’en servir, de ce signifiant, ferait condition pour pouvoir s’en passer. S’en passer… « aussi bien » dit Lacan en avril 1976. Ce qui veut dire qu’on peut ne pas s’en passer, mais… « aussi bien », qu’on peut s’en passer, si toutefois on parvient à s’en servir. Objection : mais si on s’en sert, des services attribués à ce signifiant, ça veut dire qu’on ne s’en passe pas ! Eh bien justement non ! Il y aurait un savoir s’en servir qui permettrait qu’on s’en passe. Mais on se sert de quoi ? On se sert d’une pure fonction logique, celle assignée par la théorie psychanalytique à ce signifiant. Et on se passe de quoi ? On apprend à se passer de l’imaginaire qui tourne autour du nom qu’a reçu cette fonction, qui est le nom hérité à la fois de la tradition judéo-chrétienne, de la tradition patriarcale et du mythe fabriqué par Freud dans Totem et tabou....

Grands Dossiers N° 10 - Mars-avril-mai 2008

Article mis à jour le 

Quand certains défendent aujourd'hui qu'une société ne peut se passer de religion, des philosophes prennent la plume pour se faire les avocats d'un projet athée. Un projet qui mobiliserait laïcité, morale et spiritualité… et écarterait Dieu.
Athée est un terme étymologiquement négatif. Il vient du grec, et se divise en a- (sans) et theos (dieu). Un athée est donc un sans-dieu. Un type qui se prive de transcendance divine et de tout ce qui est censé aller avec, compassion, spiritualité… Pour peu que l’on accorde crédit à l’hypothèse qui fait de la religion la source de la morale, du vivre-ensemble. Cette perspective acquiert aujourd’hui un certain relief médiatique avec la vulgate répétée d’un retour mondial du religieux, avec l’engagement public d’hommes politiques occidentaux (1), avec enfin une tentation croissante de calquer une explication monocausale sur les multiples conflits du moment, recourant pour ce faire à la seule grille des oppositions religieuses. Julia Kristeva parle ainsi de notre époque comme de « sombres temps où la certitude nihiliste des uns croise l’exaltation fondamentaliste des autres (2) ». Doit-on pour autant penser que le monde se résume à un conflit permanent entre groupes religieux, qui ne reconnaîtraient comme ennemis communs qu’une poignée d’athées nihilistes ?
Vitupérant cette lecture manichéenne de l’actualité, deux philosophes français ont pris la plume, se revendiquant d’une thèse qui, en d’autres temps, aurait frôlé l’hérésie : on peut être athée et tolérant, la foi n’est pas l’essence même du vivre-ensemble, les religions n’ont pas le monopole de la morale. Bref, le xxie siècle sera laïque ou ne sera pas. L’Esprit de l’athéisme d’André Comte-Sponville (3) et le Traité d’athéologie de Michel Onfray (4) ont connu un beau succès d’édition. Que trouve-t-on dans ces deux essais ?

Une sagesse pour notre temps

Appelons le premier avocat de l’athéisme à la barre : A. Comte-Sponville, né en 1952. Son ambition affichée est de renouer avec l’idéal ancien de sagesse, tout en assumant les défis de la modernité tels qu’on les voit apparaître chez Friedrich Nietzsche, Karl Marx et Sigmund Freud.

Cela implique d’élaborer une métaphysique matérialiste, une éthique humaniste et une spiritualité sans Dieu, l’addition de ces trois prémisses aboutissant à construire « une sagesse pour notre temps ». Bref, un programme d’envergure, qui ne vise rien de moins qu’à faire de l’athéisme une valeur d’avenir. Pour A. Comte-Sponville, un athée peut bien évidemment faire siennes les valeurs judéo-chrétiennes (ne pas tuer, ne pas voler, ne pas convoiter l’épouse du voisin…). La morale n’est pas un monopole du religieux. Certains disent que l’on ne peut se conduire correctement que si l’on croit que Dieu compte les écarts et les sanctionne post mortem. Rien de plus faux, s’insurge notre philosophe. Croire en Dieu n’a jamais empêché un fanatique de transgresser des valeurs supérieures. L’histoire nous montre avec constance que le meurtre au nom de Dieu est un phénomène universel. Ce qui fait la morale, c’est un choix conscient. Et l’humaniste, libéré du regard de Dieu, peut décider en conscience d’être moral.

Second avocat : Michel Onfray, médiatiquement consacré, répétitivement dénoncé aussi pour son réquisitoire sans concession contre tout ce qui porte soutane, kippa ou voile. Bah, qu’importe ! L’auteur signe un pamphlet, le genre s’accompagne obligatoirement d’effets de manche outranciers. Le texte figurant en quatrième de couverture de son ouvrage résume à lui seul l’intention du livre : « Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine des corps, des désirs, des pulsions. En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et islam défendent : la loi et la croyance, l’obéissance et la soumission, le goût de la mort et la passion de l’au-delà, l’ange asexué et la chasteté, la virginité et la fidélité monogamique, l’épouse et la mère, l’âme et l’esprit. Autant dire la vie crucifiée et le néant célébré. » Rien de moins.

Déconstruire le religieux

L’athéologie se présente donc comme une science de la déconstruction du religieux, une discipline qui suppose « la mobilisation de domaines multiples » : psychologie et psychanalyse pour « envisager les mécanismes de la fonction fabulatrice » ; archéologie pour mettre les livres saints à l’épreuve du témoignage factuel ; linguistique, histoire, etc. Et philosophie pour coordonner l’entreprise, avec en ligne d’horizon l’avènement d’« une physique de la métaphysique, donc une réelle théorie de l’immanence, une ontologie matérialiste ».

M. Onfray multiplie les exemples piochés dans l’histoire des religions – et donc les risques de se faire anathémiser – afin de faire de son argumentaire un acte d’accusation valant condamnation à mort. Son discours, très documenté, ne comporte que très peu d’erreurs factuelles. Il n’est pas faux, il est juste orienté. Il souligne méthodiquement la face obscure des religions, les contradictions qui émaillent Bibles et Coran, et s’abstient avec constance d’évoquer les lumières d’une Andalousie de la tolérance, d’un Maïmonide, d’un Ibn al-Muqaffa’ (5) ou d’un Matteo Ricci.

Ceci dit, rien de tout cela n’a d’importance. Comme tout essai, ces deux ouvrages valent en fait davantage par leur objectif que par les arguties qui y sont développées. Et cet objectif est d’ouvrir une réflexion que l’on pourrait résumer par : « Que serait une spiritualité – ou une ontologie – athée ? » On pourrait dire que M. Onfray commence le travail en déconstruisant, sur une base qui mêle histoire et actualités, les discours qui veulent obstinément faire rimer religion avec morale, compassion, etc. ; et que A. Comte-Sponville le prolonge en éreintant philosophiquement ces mêmes présupposés. Il entreprend ainsi de démontrer l’inanité de la preuve ontologique attribuée à saint Anselme (xie siècle), qui veut que Dieu, par définition, soit parfait, et que sa perfection ne puisse se concevoir sans existence. Puis il s’attaque à la preuve cosmologique, dont Gottfried Leibniz s’est fait l’écho, qui postule que puisque le monde est, il lui faut une cause, et que cette cause ne peut être que Dieu. Mais tout fait a-t-il nécessairement une cause ? Et de passer en revue les autres arguments en faveur de l’existence de Dieu, les réduisant en poudre en les passant au crible du raisonnement.

Affranchir la raison de la foi

Au final, A. Comte-Sponville entreprend de dresser les grandes lignes d’une spiritualité athée. L’extase, par exemple, ce fameux sentiment océanique, peut se vivre en dehors de toute croyance. La spiritualité, la réflexion sur l’infini, toutes ces choses ne sauraient être monopoles des croyants… Certes. Mais l’exercice montre vite ses limites. La spiritualité se vit davantage qu’elle ne se conçoit sur le papier. À cette aune-là, A. Comte-Sponville prêche davantage pour les convaincus que pour les sceptiques.

Nos deux plaideurs de l’athéisme sont les héritiers d’une longue histoire. La question de l’athéisme semble inscrite dans l’essence même d’une pensée philosophique qui, dès l’Antiquité grecque, entend explorer les causes de notre existence. Démocrite, qui entendait limiter les certitudes au monde observable, Anaximandre, qui avait essayé de comprendre l’univers par l’observation et non par le recours aux mythes, ou Socrate, qui pensait que l’homme pouvait de lui-même accoucher de la vérité, avaient déjà pavé la voie aux futurs libres-penseurs. Au xive siècle, à une époque où le terme d’athée renvoie à ce qui n’est pas chrétien (en d’autres termes, à tous ceux, hérétiques, mahométans…, qui n’adhèrent pas à l’Église), Guillaume d’Ockham va distinguer le temporel du spirituel, et affranchir la raison de la foi. Contre Thomas d’Aquin qui entend subordonner la raison à la foi, Guillaume d’Ockham plaide que la philosophie, dans sa recherche des causes, ne saurait en aucun cas être la « servante » de la théologie : il n’y a aucun rapport entre ces deux disciplines. Ce moine franciscain, dans lequel il serait bien prématuré de vénérer un précurseur de l’athéisme, ouvre néanmoins d’un coup de rasoir (6) une large brèche dans laquelle s’engouffreront ceux qui instaureront ultérieurement le règne de la science et de l’humanisme.

Le coup de Jarnac de Darwin

La saga est connue. Elle est scandée entre autres par les grands noms des « martyrs » de la liberté de penser. Copernic, qui murmure que le Soleil ne tourne pas autour de la Terre. Giordano Bruno, qui hurle jusqu’au bûcher que l’univers est infini. Galilée, qui défend et démontre les hypothèses coperniciennes avant de se rétracter. L’épopée de la libre-pensée, dont se réclament certains athées d’aujourd’hui, se confond avec la marche du savoir positif, qui cherche à s’affranchir du carcan de l’Église ; avec la volonté de penser librement, qui s’incarne aussi dans un Spinoza ou un Montaigne… À la différence d’un abbé Meslier qui, dès le xviiie siècle, dénonce la fausseté des religions, ces gens-là ne sont pas athées au sens propre du terme. Leur univers mental reste d’une façon ou d’une autre teinté de sacré. Mais ils élaborent cette pensée qui fera perdre à l’Église le contrôle qu’elle exerçait sur la société. L’imprécateur qu’est M. Onfray, au passage, vitupère les « déistes » que sont Denis Diderot ou Voltaire, qu’il accuse avec d’autres d’avoir été les fossoyeurs de l’œuvre des « véritables athées » qu’étaient l’abbé Meslier, le baron d’Holbach ou Ludwig Feuerbach.

Puis vient le prophète aujourd’hui adulé par les athées, Nietzsche, dont on souligne à l’envi qu’il a proclamé (prématurément ?) la mort de Dieu. Les écrits de Marx abolissent quant à eux l’idée qu’une société ou qu’une histoire ne peuvent être que religieuses. Charles Darwin, avec sa théorie de l’évolution, porte un coup de Jarnac aux tenants d’une lecture littérale de la Bible. De grands esprits scientifiques, de Paul Broca à Marcelin Berthelot, se convertissent à l’athéisme.

Aujourd’hui, se dire athée peut se vivre de deux façons. Cela peut relever d’un acte militant, qui revendique un monopole sur les Lumières, qui fait rimer sa lutte avec défense de la laïcité, et qui fait de la raison le revers obligé de l’obscurantisme religieux. Ces athées-là, libres-penseurs, se voient comme les hérauts de la modernité et portent aux nues M. Onfray. Plus discrets, peut-être plus nombreux, les athées moins impliqués trouveront quant à eux chez A. Comte-Sponville les arguments qui leur permettront de justifier ce scandaleux « mais comment peut-on être athée ? ». Mais une fois la messe dite, il faut reconnaître que la spiritualité athée, si une telle chose est possible, reste à construire. Les athées des deux catégories communieront de toute façon en entendant M. Onfray conclure : « Le travail reste à faire. Et il est planétaire. » 

A lire : 

https://www.famillechretienne.fr/foi-chretienne/fondamentaux-de-la-foi/l-homme-peut-il-vivre-sans-dieu-279818


mardi 4 avril 2023

College du Lherm 13 avril 2023 - Le paranormal

 Une expérience de transmission de pensé est proposée au élève.

Que se passe t il durant l'expérience ? Quel sont les résultats ? 




Fiche à remplir par les écouteurs 


samedi 1 avril 2023

Collège - Pourquoi avons nous besoin d'amour?



La théorie de l'attachement (J. Bowlby) - Psychologie du développement


Théorie de l'attachement, Harry Harlow et les bébés macaques