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jeudi 30 mai 2024

Collège 28-05-2024 - l"élégance , c'est quoi ? ca sert à quoi ?


Journée de l'élégance aujourdhui 28 juin 2024 à Lherm.
Je décide d'interroger les élèves sur ce concept entre mode et expression individuelle.





lundi 27 mai 2024

Collège - 30 mai 2024 - Notre nom est-il important ?

 

Un nom c'est un code qui désigne une personne, mais c'est un code qui peut signifier autre chose, un prénom un nom peuvenr rappeller une autre personne ou une qualité, un objet ...

Il est aussi parfois porteur de notre histoire familiale, de migrations plus ou moins anciennes de culture plus ou moins loingtaines. 

Notre nom est désigant mais aussi porteur sinon toujours de sens au moins de sensation ... donc  nous décrit avant que nous arrivions nous sommes déjà là. Alexandre est sans doute grand et PAquita doi être brune et Frederich lui est compliqué sans parler de Madona. La sonorité du prénom est ausssi porteuse de sens et personellement térrifié par les chirurgiens dentistes j'aurais plus de facilité à prendre rendez-vous avec une Lucia Caramella qu'avec un Adolphe Tortura. 

Les philosophes s'interrogent sur la façon dont fonctionne un nom propre un nom propre. Comment désigne-t-il des individus ?

Alors notre prénom, notre nom est-il important ? Que dire de l'association nom-prénom, que les parents que les parents de l'enfant à venir vont faire tourner en bouche comme un tatser de vin son précieus liquid ? 
Parfois, il est lourd à porter, décalé, que doit-on en faire, en changer ?

Et le changement de nom .... 

Nom du père Nom du père : qu’en dit Jacques Lacan ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le  3 min

Le futur projet de loi visant à simplifier le changement de nom de famille risque de faire polémique. Comme l’explique le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, les parents peuvent choisir le nom de famille de leur enfant depuis 2005. Mais cela implique « une procédure longue et humiliante ». Pour les majeurs, « il suffira désormais d’une déclaration Cerfa à l’État civil de votre mairie ». Pour les mineurs, « il faudra la validation des deux parents et, en l’absence de cette entente, il y aura recours au juge. Par ailleurs, si le mineur a plus de 13 ans, il faudra également lui demander son accord ». L’objectif est de favoriser la possibilité de « porter, à titre d’usage, le nom de la mère ». Nouvelle étape d’un bouleversement anthropologique qui introduit de la confusion dans la filiation, considèrent certains.

Qu’en pensait donc Jacques Lacan, qui a théorisé cette notion comme structurante pour le développement de l’enfant ? Empêche-t-elle vraiment de choisir le nom de sa mère ? 

  • À quoi correspond le « Nom-du-Père » dans la pensée de Jacques Lacan ? Il s’inscrit, comme l’explique le psychanalyste dans Des Noms-du-Père (Seuil, publié à titre posthume en 2005), dans un mouvement de coupure du lien originel entre la mère et l’enfant. Cette rupture de la continuité se produit par l’imposition d’une « voix », celle de l’interdit. Il s’agit de l’interdit de l’inceste. L’enfant est délivré de son assujettissement imaginaire à sa mère par l’irruption d’un Autre « phallique » porteur de l’interdit. « Le Nom-du-Père crée la fonction du père », écrit-il. Cette coupure est déterminante, pour Lacan, dans sa constitution en tant que sujet humain : « Le père, le Nom-du-Père, soutient la structure du désir avec celle de la loi […]. »
  • L’enjeu actuel – en particulier pour notre époque, où les formes de familles se multiplient –, c’est de déterminer quel est pour Lacan le rapport entre cette « Voix-du-Père » et le père réel. Sur ce point, Lacan est moins catégorique : « Le Nom-du-Père, on peut aussi bien s’en passer. On peut aussi bien s’en passer à condition de s’en servir. »
  • L’expression est allusive, mais elle suggère que le Nom-du-Père est d’abord une « fonction » symbolique. Elle peut se transposer à d’autres personnes. On ne peut pas se passer de la voix, mais on peut se passer du père. C’est le cas dans la « société sans pères » du peuple des Na du Yunnan (Chine) où « il y a un Nom-du-Père mais c’est une déesse, la déesse Abaogdu qui a déposé les graines dans le ventre des femmes avant même leur naissance »comme le résume le psychanalyste Christian Demoulin. Même lorsque la Voix-du-Père semble identifiée au père réel, la relation se révèle ambiguë. « La fonction du père comme nom, comme pivot du discours, tient précisément en ceci qu’après tout, on ne peut jamais savoir qui est le père. Allez toujours chercher, c’est une question de foi. Avec le progrès des sciences, on arrive dans certains cas à savoir qui il n’est pas, mais enfin, il reste quand même un inconnu. […] »
  • Le Nom-du-Père renvoie à la présence d’un Autre insaisissable, mais nécessaire à la structuration psychique de l’enfant. Le patronyme est la marque de cette présence de l’autre en nous, comme le remarque la psychanalyste Colette Soler : « Le patronyme est un nom reçu de la généalogie, transmis. Disons qu’il vient automatiquement de l’Autre », de cet autre qui nous interpelle et nous permet, par cette interpellation à laquelle il faut répondre, d’entrer dans le langage. Mais le patronyme lui-même ne suffit pas à résumer le Nom-du-Père.
  • Il assigne le père à une place déterminé, identifiable, nommable, dans cette généalogie, là où le Nom-du-Père demeure, en fait inconnu, dans la mesure même où il ne fait référence à rien mais désigne simplement une « faille ». Le Nom-du-Père échappe en quelque sorte au langage qu’il fonde.

Lycée - 27/05/2024 / Comment résister à l'autorité quand ellle se trompe ?

 


La dernière séance de l'année pour ces élèves de LMDS. Un sujet que je n'aurais pas abordé avec eux en début d'année, est-ce le signe d'une évolution ? Sans doute mais qu'est ce qui a bougé en un an ? la confiance des uns vers les autres ?  Leurs compétences, Ma confiance dans leurs compétences ?

Voici ce que Milgram lui-même écrit à propos de son expérience :

"Le dilemme résultant du conflit entre la conscience et l'autorité est inhérent à la nature de la société et se poserait à nous même si le nazisme n'avait jamais existé. Réduire un problème aussi général à la seule dimension d'un événement historique, c'est se donner l'illusion qu'il appartient à une époque révolue.
  Certains dénient toute valeur d'exemple au phénomène nazi sous prétexte que nous vivons en démocratie et non dans un état « autoritarien ». Mais le problème ne disparaît pas pour autant car il ne concerne ni l'«autoritarianisme» en tant que mode d'organisation politique, ni un ensemble particulier d'attitudes psychologiques : ce qu'il met en cause, c'est l'autorité en soi. Un gouvernement autoritarien peut être remplacé par un régime démocratique, mais dans un cas comme dans l'autre, l'autorité ne saurait être éliminée tant que la société continuera sous la forme que nous lui connaissons.
  Dans les démocraties, les dirigeants sont élus par tous les citoyens, mais une fois à leur poste, ils sont investis de la même autorité que ceux qui y parviennent par d'autres moyens. Et comme nous avons eu maintes fois l'occasion de le constater, les exigences de l'autorité promue par la voie démocratique peuvent elles aussi entrer en conflit avec la conscience. L'immigration et l'esclavage de millions de noirs, l'extermination des Indiens d'Amérique, l'internement des citoyens américains d'origine japonaise, l'utilisation du napalm contre les populations civiles du Vietnam représentent autant de politiques impitoyables qui ont été conçues par les autorités d'un pays démocratique et exécutées par l'ensemble de la nation avec la soumission escomptée. Dans chacun de ces cas, des voix se sont élevées au nom de la morale pour flétrir de telles actions, mais la réaction type du citoyen ordinaire a été d'obéir aux ordres.
  À l'occasion des conférences sur l'expérience que je fais dans les universités d'un bout à l'autre des États-Unis, c'est pour moi une surprise toujours renouvelée de me trouver devant des jeunes gens qui se disent horrifiés du comportement de nos sujets et proclament bien haut que jamais ils ne pourraient se conduire de la sorte, mais qui, quelques mois plus tard, sont appelés sous les drapeaux et commettent sans le plus petit scrupule de conscience des actions auprès desquelles le traitement infligé à notre victime est insignifiant. A cet égard, ils sont ni pires ni meilleurs que ceux qui, de tous temps, courbent l'échine devant l'autorité et deviennent les exécuteurs de ses hautes œuvres."

Stanley Milgram, Soumission à l'autorité. Un point de vue expérimental, 1974, chapitre 15,
trad. E. Molinié, Calmann-Lévy, 1994, p. 221-222. Source.


 



ou le public et une vedette repmlace l'autorité scientifique


lundi 13 mai 2024

Collège 16/05/2024 - Que peut-on opposer à la violence ?

 


Nous pouvons tous être confrontés à la violence. Et sans doute une grande part d'entre nous peut y succomber. 

Guerre, fractionnement politique, religieux et idéologique, trahison et deception amoureuse, pulsion sexuelle ou juste de violences, oui elle est présente.

Les philosophes classiques, nous avons délivrent trois manières de s’opposer à la violence : l’autodéfense, la justice et l’argumentation.

Vous qu’elle est votre réponse ?



Au début de son livre, Alain Bauer présente un échantillon français récent de huit faits divers singuliers qui sont le reflet de la réalité massive des violences. Si on se réfère au service statistiques du ministère de l'Intérieur qui publiait l'an dernier une synthèse de son bilan statistique pour 2022, la quasi-totalité des indicateurs de la délinquance enregistrés en France sont à la hausse en 2022 par rapport à l'année précédente et montre une recrudescence inédite de la violence de notre société faisant notamment de 2023, la pire année de l'appareil statistiques : "Alors que nous avions domestiqué la violence homicide pendant cinq siècles, et qu'on aurait pu nous dire que jamais on n'avait été plus en sécurité qu'aujourd'hui, eh bien depuis 20 ans, la tendance, non seulement, s'est inversée, mais elle s'est accélérée dans l'inversion. Nous sommes dans un cycle de violence inédit. En plus des assassinats, des viols, des violences, des agressions, des tentatives ou des règlements de comptes, s'ajoutent aussi les tentatives,





 

Tarbes en philo 2024

 



Le club est assossié à la 7ème édition de cet évènement (programme en PJ) qui a accueilli successivement

- 2016 - Luc FERRY sur  « L’Autre, ce moi qui n’est pas moi »
- 2017 - Roger-Pol DROIT et Adèle VAN REETH sur "Identités, ce nous qui nous unit"
- 2018 - Boris CYRULNIK et Adèle VAN REETH (désormais marraine de l’évènement) sur "La vie, c’est chose tendre que la vie !"
- 2019 - Alain BADIOU et Raphaël ENTHOVEN avec Adèle VAN REETH sur “Refaire le monde ou l’empêcher de se défaire ?” 
- 2022 - Frédéric LENOIR sans Adèle VAN REETH sur “Il est où le bonheur, il est où ?”
- 2023 - Michaël FOESSEL sur “L’art, pour ne point mourir de la vérité”

Chacune de ces conférences sont à disposition sur la chaîne Tarbes en Philo, sur YOU TUBE

Pour le samedi 1er juin 2024, autour de la thématique “S’engager, pourquoi ?” nous sommes heureux d’accueillir Michaël FŒSSEL, le désormais parrain de l’événement et Camille RIQUIER, notre invité au théâtre Les Nouveautés de Tarbes (65). 

vendredi 10 mai 2024

Casablanca - Semaine du 20 au 23 mai 2024



La semaine de la philosophie au Lycée international Alphonse Daudet de Casablanca au Maroc est reconduite. avec un atelier en Visio entre le Lherm et Casablanca. 
Le principe est ici de mélanger les classes entre grands et moyen. Ainsi les secondes et les 5° sont ensembles dans les ateliers par exemple. 




















lundi 6 mai 2024

Collège du Lherm - 14 mai 2026' - L'écodictature ?

 

Abandonner nos libertés pour sauver l’humanité du  réchauffement climatique ? 


Si la fin justifie les moyens. Albert Camus nous dit : « La fin justifie les moyens ? Cela est possible. Mais qui justifiera la fin ? »

Dans notre cas la sauvegarde de l’espèce humaine, des espèces animales, de la biodiversité n’ont pas de mal à trouver des supporters.

Je citerais simplement la loi zéro (ou quatrième loi) de Asimov : « Loi Zéro : Un robot ne peut pas porter atteinte à l'humanité, ni, par son inaction, permettre que l'humanité soit exposée au danger ».

Sébastien Bohler dans son dernier livre « Human psycho », ne propose rien d’autre comme solution.

 Wikipedia nous dit que : L'écofascisme ou écototalitarisme est un régime autoritaire d'inspiration fasciste mis en place pour préserver l'environnement ou dans lequel la protection de l'environnement justifie l'emploi de méthodes autoritaires.

Cette désignation relève pour lors du domaine d'une conjecture théorique, puisqu'un tel régime n'a encore jamais vu le jour, et n'a jamais constitué un programme politique officiel. Si certains activistes d'extrême droite ont pu s'approprier des discours écologistes, le terme demeure essentiellement utilisé comme insulte, aucun parti politique significatif ne se réclamant de cette idéologie.


Pourtant ….. cela n’est-il pas dans les tuyaux !


Rééduquer notre cerveau fait quand même penser à des temps 




Antoine Dubiau, doctorant en géographie à l'Université de Genève, est l'auteur d'"Ecofascismes", paru en 2022 aux éditions Grevis, dont une édition augmentée est parue le 17 novembre dernier. Son ouvrage ouvrant de nombreuses portes de discussions, il est l'occasion de discuter de certains enjeux entourant la situation écologique. Alors, quelle écologie politique à la fois pour contrer l'écofascisme, mais aussi clarifier les approximations dangereuses que l'on trouve chez certaines approches se voulant progressistes ?

Lycée - 14 mai 2024 - Peut-on lancer un nain qui le veut bien ?

L’affaire dite du lancer de nain

Le Maire de Morsang-sur -Orge avait interdit sur sa commune une attraction foraine dite "du lancer de nain". L’arrêté municipal avait été attaqué devant le TA de Versailles qui en avait ordonné l’annulation. Saisi par un pourvoi, le Conseil d’Etat annule ce jugement en insérant la dignité de la personne humaine à la liste des "principes généraux du droit" qui autorisent par décret ou arrêté les autorités publiques à prendre telle ou telle décision fondée non sur une loi (inexistante) mais sur l’un de ces principes dégagés par la jurisprudence administrative ou constitutionnelle.

Le paradoxe de cette affaire est le suivant : le nain était parfaitement consentant et c’est sa dignité qu’il mettait en avant à l’appui de sa requête contre l’arrêté municipal : selon lui, ce travail lui avait redonné sa dignité (avant il vivait du RMI).

Or, le Conseil d’État ne lui a pas donné raison : à la dignité invoquée par le nain, il a été opposé la dignité humaine , définie comme attribut de l’humanité.

Les devoirs envers soi-même : toute instrumentalisation de soi est immorale.

Kant, Leçons d’éthique, Livre de poche, p.230.

« Celui qui renonce à sa liberté et l’échange pour de l’argent agit contre l’humanité. La vie elle-même ne doit être tenue en haute estime que pour autant qu’elle nous permet de vivre comme des hommes, c’est-à-dire non pas en recherchant tous les plaisirs, mais de façon à ne pas déshonorer notre humanité. Nous devons dans notre vie être dignes de notre humanité : tout ce qui nous en rend indignes nous rend incapables de tout et suspend l’homme en nous. Quiconque offre son corps à la malice d’autrui pour en retirer un profit – par exemple en se laissant rouer de coups en échange de quelques bières – renonce du même coup à sa personne, et celui qui le paie pour cela agit de façon aussi méprisable que lui. D’aucune façon ne pouvons-nous, sans sacrifier notre personne, nous abandonner à autrui pour satisfaire son inclination, quand bien même nous pourrions par là sauver de la mort nos parents et nos amis. On peut encore moins le faire pour de l’argent. Si c’est pour satisfaire ses propres inclinations qu’on agit ainsi, cela est peut-être naturel mais n’en contredit pas moins la vertu et la moralité ; si c’est pour l’argent ou pour quelque autre but, on consent alors à se laisser utiliser comme une chose malgré le fait qu’on soit une personne, et on rejette ainsi la valeur de l’humanité. »

Le lancer de nain est-il moral ?

Par Juliette Briens

"L’argument ultime (et unique argument) des anti-lancer est l’indignité humaine. Le nombre de nains lancés dans un cirque français dépasse péniblement le millier par an. Soit une goutte d’eau en comparaison des avortements de nains, du taux de chômage de ces derniers, du trafic pornographique des nains, ou de leur sacrifice tribal dans certains pays d’Afrique. Seulement le lancer de nain est un art, donc visible de tous, par son spectacle vivant et ses multiples représentations artistiques. Une cible facile qui offre la place à toutes les démagogies puisque seul le respect de la dignité est convoqué par les procureurs. Comme si Nicky Koskoff, Papacito, Aragorn, Manuel Wackenheim et toute l’aficion en étaient dépourvus. Comme s’ils se foutaient éperdument de voir un nain dégradé, et même en affreux sadiques, y prenaient un certain plaisir. Non, bien sûr que non. Jamais un amateur de lancer de nain ne prendrait plaisir à voir une personne de petite taille se faire « projeter » comme ils disent. Au contraire, l’aficionado l’admire. Il se lève quand le nain vole loin dans l’aurore, il applaudit quand il s’écrase au sol librement malgré les matelas de sécurité et hurle si le demi-homme n’a pas le corps raboté, et ne serait donc pas en pleine possession de ses moyens pour planer, ou si l’allumeur le pousse trop à l’écrasement."


samedi 4 mai 2024

11 mai 2024 - peut-on cultiver la joie ?


Soyons concis dans un premier temps, la joie est conseillé par tous, ok ? 

Mais peut-on apprendre à être joyeux ou encore si la joie nous surprend comme un moement de folie coment retenir ou mieux encore cultiver la joie ?   

  
Joie : 
Du latin gaudium (satisfaction) ou laetitia (« plaisir à jouir d’un bien »). Émotion vive, souvent accompagnée d’un sentiment de plénitude, éprouvée par l’individu lorsque ses désirs et ses besoins sont satisfaits. La joie se distingue donc du plaisir par sa durée et son intensité, mais aussi du bonheur, qui est davantage un idéal. En religion, elle est un don de l’Esprit qui peut mener à la béatitude. Chez Platon, la joie peut être rapprochée de l’enthousiasme éprouvé par celui qui est inspiré comme l’est le poète ou l’amoureux. Elle est alors exubérante dans ses manifestations. C’est une sorte de folie dont Érasme, à la Renaissance, fait la louange. Mais c’est surtout au XVIIe siècle que la joie est repensée par les philosophes rationalistes : Descartes voit en elle l’une des six passions primitives et la définit comme « une agréable émotion de l’âme en laquelle consiste la jouissance qu’elle a du bien que les impressions du cerveau lui représentent comme sien ». Sa cause la rend cependant ambivalente : la joie de l’ivrogne appelle la méfiance. Chez Spinoza, la joie, davantage intellectualisée, témoigne d’un accroissement de la puissance de connaître. C’est « le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection ». Pour Nietzsche, elle exprime la volonté de puissance en tant qu’acceptation joyeuse de la vie. De nombreux philosophes français contemporains (En particulier Gilles Deleuze, Clément Rosset, Robert Misrahi, André Comte-Sponville) valorisent la joie pour tempérer le tragique de l’existence, tout en dénonçant l’obligation sociale de vivre dans une « euphorie perpétuelle » (Pascal Bruckner).



Fou de joie
La joie, au contraire du bonheur et du divertissement, n’esquive pas le réel, n’ignore rien de la cruauté des choses, de la mort. Ni optimiste ni pessimiste, elle invite à voir le monde tel qu’il est.

Eugène Ionesco raconte : « Ils fêtent. Ils sont tous en vêtements de fête, dans une maison parée pour la fête, ils échangent des cadeaux, ils rient comme… s’ils ne savaient pas qu’il y a le gouffre. » Mais où ont-ils la tête ? et où ont-ils le cœur ? La joie est une honte, un crachat, un rictus égoïste, un concept bourgeois, un youpi métaphysique, un scandale, face au scandale du monde. La joie ? Ta gueule.

– Quoi, ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a, ma gueule ? Quelque chose qui va ? Arrête, malheureux… En accusant le réel, en s’indignant du non-sens comme d’une trahison, en lestant tout présent de la mort à venir, ta plainte prolonge la douleur contre laquelle elle s’insurge. Préserve-toi, un peu.

– À quoi bon ? Je souffre déjà. Et en riant malgré le monde, en dansant sur les décombres, la joie fait le lit du plus fort ; sais-tu, mon salaud, combien d’enfants agonisent tandis que je t’insulte ? Si oui, tu es un monstre, sinon tu n’es qu’un fou.

– Un fou, peut-être, mais un fou de joie qui, n’en déplaise aux bourreaux, se refuse à mourir de son vivant.

– Facile à dire quand tout va bien.

– Qu’en sais-tu ? Crois-tu que j’ai la tête ailleurs ? Moi aussi, je vais mourir. Que je me fiche des souffrances qu’on m’épargne ? Détrompe-toi, coq mou, tu n’as pas le monopole du cœur.

«La joie est le gai savoir qui ne chasse pas les idées noires, la faculté d'être le contemporain de ses émotions.»
– Non, mais celui du courage, poule mouillée.

– Tu te trompes ; je suis moins lâche que toi, dont la colère assure la bonne conscience. Ceux qui reprochent à la joie de détourner le regard font d’elle un synonyme du bonheur ou du divertissement, une façon d’oublier un peu la machine (et donc, d’en être tributaire), ou de passer la vie à ne pas admettre qu’elle s’achève. Or le divertissement surgit tout entier du malheur qu’il conjure, alors que la joie, indifférente aux circonstances, folle et sage à la fois, ne masque en rien la cruauté des choses. La joie n’est pas un sédatif, la joie n’est pas l’oubli du monde, au contraire ; elle n’a ni cire dans les oreilles, ni bandeau sur les yeux, et rien de ce qui existe ne lui est étranger. Dans sa fuite éperdue, l’homme du divertissement n’en a jamais assez ; dans l’adhésion paradoxale à tout ce qui est, dans la présence obstinée aux malheurs et aux plaisirs dont il ne dépend pas, l’homme de joie n’en a jamais trop.

– Soit. Je t’accorde que la joie n’est pas le divertissement, mais quelle raison, alors, d’être joyeux dans ce monde qu’on regarde en face ?

– Aucune, mais l’absence de raisons d’être joyeux est-elle une raison suffisante de ne pas l’être ?

– Tu fais le malin ? Va mourir ! Va au diable avec tes sophismes d’homme-bulle, et demande-lui ce qu’il en pense ! Les génocides, les famines, les viols et les meurtres dissuadent tout homme digne de ce nom d’envisager un jour la possibilité même de la joie. Si, comme tu le dis, tu sais de quoi le monde est fait, si tu n’ignores pas de quoi l’homme est capable, alors je t’accuse et te condamne de ne pas t’en indigner.

– Halte-là, monsieur le juge ! Nous sommes tous des condamnés, mais ceux qui accusent la joie d’approuver le réel jusqu’à ses infâmies sont les mêmes qui voudraient abolir le mal en atténuant la douleur, ou qui espèrent, par la colère, mettre, un jour, un terme à la souffrance des hommes, comme s’il pouvait suffire d’une saignée pour guérir de la peste.

– Bien sûr que je l’espère ! Je vis dans cet espoir, sans lequel la vie n’est qu’un désastre, une tragédie.

– Mais elle l’est, triste sire ! C’est toi qui esquives le réel en continuant, malgré l’évidence, d’espérer en lui. Tout espoir témoigne d’une existence maladive, d’une volonté exténuée qui suspend le bonheur aux faveurs dont l’existence est avare.

– La joie est donc pessimiste ?

– Dieu l’en garde.

– Optimiste ?

– Pour rien au monde.

– Alors, je n’y comprends rien.

– C’est que tu vois double au lieu de voir clair. La joie est simple, d’une simplicité déconcertante, conforme à l’unicité d’un monde dont les horreurs et la beauté maquillent successivement l’indifférence. La joie enseigne qu’optimisme et pessimisme sont des jumeaux boiteux qui se tiennent la main dans un refus commun du réel, et que tout espoir expose au regret comme une cause à ses conséquences. En somme, c’est l’espoir qui rend triste, ou pire : c’est la tristesse qui invite à l’espoir. Face au monde, la tristesse manque de sérieux.

– Tu déraisonnes.

– Oui, monsieur.

– À te croire, la joie est plus sérieuse que la tristesse.

– À tous égards : la joie est le sérieux suprême de ceux qui ne se prennent pas au sérieux, le gai savoir qui ne chasse pas les idées noires, la faculté presque animale d’être le contemporain de ses émotions et d’en accueillir les contradictions sans les juger, la puissance d’une incertitude qui éprouve le devenir comme une promesse renouvelée, qui remplace l’inquiétude par la confiance et les larmes par la méditation, qui oppose à la déception le refus de l’espoir et ce faisant, obtient du réel infiniment plus qu’il n’offre : tel un deuil réussi qui transforme une perte en occasion de vie, la joie opère la conversion du souvenir en avenir, du chagrin d’amour en littérature, du « devoir de mémoire » en leçon pour demain. En acceptant le présent, elle en fait un cadeau. Loin de fuir le réel ou de nous en distraire, la joie porte, à l’inverse, le témoignage de la vie au cœur même du malheur. C’est en consentant à l’horreur (au motif imparable qu’elle existe) que la joie résiste à son triomphe. Malgré l’insouciance qui la désigne, elle est aux antipodes des petits plaisirs qui tuent le temps. À l’image de Job découvrant, au terme de son calvaire, que la vérité de la foi consiste à aimer Dieu sans retour, la joie est un amour que n’accompagne l’idée d’aucune cause extérieure. Loin de naître de l’événement heureux qui, dans le meilleur des cas, lui fournit un prétexte, la joie est à l’épisode qui la suscite ce qu’un geste est à une intention, ce qu’un baril de poudre est à sa mêche, ce qu’une série de cercles majestueux est au petit caillou qu’on a jeté dans l’eau du lac, un fruit plus lourd que sa branche, une conclusion plus ample que ses prémisses. Tout comme l’amour véritable échappe aux raisons qu’il se donne, la joie transcende les « causes » qu’on lui attribue (on aime parce qu’on aime et, à dire vrai, on est joyeux pour rien), tout comme les gens se fâchent parce qu’ils se détestent (tout en croyant se détester parce qu’ils se fâchent), ce n’est pas quand tout va bien qu’on est joyeux, mais c’est parce qu’on est joyeux que tout va moins mal.


mercredi 1 mai 2024

Collège et Lycée - 7 mai 2024 - Il se passe quoi, là ?

 

Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une pomme-grenade, une seconde avant l’éveil -1944- Huile sur bois -51 x 41 cm- Signé en bas à droite: GALA / Salvador DALÍ- Localisation: Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid

Nous continuons notre réflexion sur le rêve. Peut-on essayer de traduire, cette représentation du rêve de S. Dali dans le monde de la reflexion ou bien doit-on rester dans celui des sensations. Comment essayer de faire un pont entre inconscient et raison ? Le philosophe qui fait habituellement parler les mots rejoint ici le poête et le psychanalyste ... Mais restons humble, la question sera juste, il se passse quoi là ?


Dali veut discréditer le monde de la réalité ou plutôt élevé celui des songes rt de hallucinations au même niveau que la réalité elle même ! 


Le tableau
Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une pomme-grenade, une seconde avant l’éveil