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15 décembre - La colère peut-elle être juste ?


Personnellement j'aime les colères. Elle font des quidams moyens des artistes qui pour une fois emportés par leurs passions font spectacle. Ils crient, hurlent pleurent, cassent; ils peuvent même nous faire peur ou encore pitié, bref ils vont nous émouvoir et finissent par nous régaler comme les meilleurs des tragédiens. 

Et comment ne pas penser à Hulk! 



Alors la Colère? Si elle peut être juste et belle ou c'est simplement une triste passion qui nous laisse vide et désemparé.

Ce qu'en dit Charles Pépin : 
Cela ne surprendra personne : peu de philosophes défendent la colère. Elle est pour Aristote, ou pour un stoïcien comme Sénèque qui lui consacre tout un traité, le cas d’école de l’emportement par lequel l’homme ajoute inutilement du mal au mal. Elle est chez Spinoza la conséquence de la haine, elle-même conséquence de la tristesse, autant dire la pire des passions tristes, la preuve que nous n’entendons rien au projet spinoziste : « Ni rire ni pleurer, mais comprendre. » Viser la joie, la béatitude ou la sagesse, c’est donc d’abord apprendre, chère Pauline, à ne pas se mettre en colère. Elle est aussi inutile dans une pensée du destin que dans une philosophie de la contingence. Si le monde est un destin, alors la colère ne sert à rien. Si les choses sont contingentes, alors il n’y a plus de raison de se mettre en colère : employons-nous plutôt à les changer, ce que nous ferons mieux sans colère. L’expression « se mettre en colère » suffisait d’ailleurs à attirer le soupçon : elle porte l’idée d’une décision incompatible avec la pureté de l’élan, d’une théâtralisation incompatible avec le caractère insoutenable de l’injustice.
Pourtant, nous sentons tous qu’il y a parfois dans notre colère quelque chose de sain, de libérateur, voire de joyeux. Par ma colère, en effet, je m’affirme. Que j’aie tort ou raison n’est pas l’essentiel, je crie que j’existe et cela fait du bien. Que l’injustice dont je m’estime victime en soit vraiment une ou pas, peu importe : seul importe, dans le jaillissement de ma colère, l’affirmation d’une limite que j’estime ne pas devoir être franchie. Ce n’est pas une limite objective, c’est la limite pour moi. La colère est bien affirmation d’une subjectivité et c’est à ce titre qu’elle est belle. Seul Dieu, pour les chrétiens, a le droit de se mettre en colère : la colère figure au sein des sept péchés capitaux. On comprend pourquoi : quand la colère me prend, je n’ai plus ni Dieu ni maître.
La colère a une fonction : elle vient désigner le « non-négociable ». Souvenons-nous de la grande colère de Meursault face à l’aumônier, à la fin de L’Étranger d’Albert Camus. Il y a tant de choses qui indiffèrent Meursault, il peut supporter la prison et la bêtise des hommes, l’éloignement de Marie et le rapprochement de l’échéance de la guillotine, mais qu’un aumônier vienne lui gâcher ses derniers instants d’existence en lui répétant ses balivernes, cela, il ne peut l’accepter. Voilà à quoi sert la colère : à indiquer aux autres en même temps qu’à soi-même ce qui est vraiment important, ce sur quoi on ne lâchera pas – ou plus. C’est vrai d’un individu comme d’un peuple.




Le point de vue KAto

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