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samedi 21 décembre 2019

18 janvier 2020 - Le Dilemme - Comment choisir entre deux solutions impossibles?

Que faire ?

Le dilemme moral et le harcèlement


Avec la condamnation pour harcèlement moral de la direction de France Télécom, nous pouvons nous demander de quel type a été ce "harcèlement". 

Dans l'article dans Le journal Le monde du 22/12/2019, Le harcèlement moral "transfère la culpabilité sur la victime", Pascale Robert-Diard écrit que l'entreprise (France Télécom)  : "... provoque des failles telles que des conflits de valeurs, ..."

Des conflits de valeurs

En fait les salarié ont été placé devant un dilemme :  Garder un salaire confortable dans une grande entreprise mais ne plus avoir un travail gratifiant et valorisant (pour lequel ils avaient fait de gros efforts de mobilité :première affectation et d'investissement : école d'ingénieur) ou quitter cette entreprise avec un risque présentant une très forte probabilité de déclassement voire de chômage. 

Trente neuf personnes n'ont pas pu choisir et ont se sont supprimé pour ne pas avoir à choisir et supprimer le problème.

Michèle Coppens dans l'article Diotime, n°16 (10/2002) :"Belgique : les dilemmes moraux dans le cours de morale"  nous rappelle que : "l'homme doit nécessairement passer par trois étapes : choisir (librement, parmi des alternatives, examiner les conséquences du choix), s'attacher (être fier de ses choix), agir (les affirmer publiquement, agir de manière répétée). Cette approche ne privilégie aucune valeur en particulier, elle apprend à choisir de manière authentique et réfléchie, c'est une méthode pédagogique du développement personnel."

Cette définition du bon choix ne peut aider notre ingénieur F.T. à résoudre son dilemme. En effet l'employé de F.T. n'est pas libre : conjoint et enfants sont impactés et il n'y a pas de choix dont il pourrait être fier.

Si l'on se tourne vers la philosophie de la morale, nous ne sommes alors pas beaucoup plus apte, me semble-t-il à aider notre Ingénier F.T., Là où Kohlberg déclare que selon lui un raisonnement véritablement moral implique des caractéristiques telles que l'impartialité, la capacité d'universaliser, la réversibilité (réciprocité des obligations morales), la reconnaissance des normes en usage (système de pensée qui pousserait notre ingénieur à accepter son nos nouveau poste), C. Gilligan considère, contrairement à Kohlberg, que le jugement moral doit être relativisé par le contexte : " Il n'y a pas que l'égalité. Il faut prendre en considération la façon dont les gens vont pouvoir mener leur vie ". Il affirme que ce ne sont pas les principes de justice mais le " bien " (bonheur personnel, choix de vie : éthique) qui guident les choix d'une personne, et si ce " bien " lui-même est relatif au contexte historique et au projet de vie personnel, alors son objection est recevable pour Habermas. Voilà notre ingénieur renvoyé à ses interrogations insupportables.

Pour le philosophe Kant, d’un point de vue de la perspective déontologique, les devoirs ou les règles ne peuvent être en conflit. Le principe kantien stipule que « le devoir implique le pouvoir et exclut toute possibilité de dilemme moral ». Plus fort : Le devoir est la base du pouvoir et donc de l’action. Si deux devoirs s’opposent dans la même situation, alors l’individu ne peut pas avoir le pouvoir d’agir car il est paralysé éthiquement. Et comme il est paralysé, il n'y a pas de dilemme. Il ne peut rien faire.


Tu ne peux pas choisir, ce n'est pas un dilemme, c'est une paralysie.

Et pour John Stuart Mill (1988), la recherche de bonheur (comme pour Hanermas) est la solution de tout dilemme. Pour cette perspective - nommée utilitariste. 

Bon, ne cherchons plus une solution magique immédiate. Cherchons donc préalablement à nous situer ! Ainsi, ensuite peut-être y verrons nous plus clair.

Avant de vouloir régler son dilemme, régler ses propres références de valeur soit : "Comment vous situez-vous dans la résolution du dilemme moral ?"

Dans un premier temps, pour s’entraîner en quelques sorte,  cherchons à comprendre comment vous allez régler des dilemmes dont vous n'êtes pas la victime.

Je vous propose donc de mieux savoir qui vous êtes en tant que régleur de dilemme. Cherchons une taxinomie des régleurs de dilemme et trouvons nous ensuite.
La taxinomie C'est Maxi ou Mini.
Alors vous ?  Qui êtes vous: un Minimaliste ou Maximaliste?

Ruwen Ogien - Ethique et Dilemmes moraux


https://vimeo.com/38982788

Le regretté Ruwen Ogien à en 2007, à ouvert la voie de cette taxinomie avec un travail nommés : "L’Ethique aujourd’hui. Maximalistes et minimalistes".  

Notre livre de référence, disponible à la vente à Le cours Napoléon à Noé

Mais c'est avec le livre de Marianne Chaillan "Pensez-vous vraiment ce que vous pensez ?" que nous nous essayerons de nous positionnés soit en tant que Max soit Mini.

En effet à la manière des magazines de plage, Marianne Chaillan, nous propose un test de personnalité. Alors venez vous confrontez à des dilemmes moraux pour savoir "qui vous êtes".  Maximaliste ou Minimaliste ?





A vos dilemmes


Quelques Dilemmes pour vous entraîner  dont certains venant de L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine:

Vol d'enfant 

Une femme fait une fausse couche à la fin de sa grossesse. N'osant pas l'avouer à son mari, dans un accès de folie, elle vole un enfant au hasard à la maternité et rentre chez elle. Par une coïncidence incroyable, cet enfant n'était pas réellement désiré par sa famille biologique, qui se trouvait être un couple d'alcooliques. Maintenant, ce petit grandit dans une famille aimante prenant soin de lui. Dirais-tu que cette femme est une criminelle ?

Le “Dilemme du Tramway” revisité
Cet expérience de pensée est construite d’une manière très similaire au très connu “Dilemme du Tramway”. Dans une des versions de ce dilemme, un individu peut modifier la trajectoire du tramway en actionnant l’aiguillage. S’il ne le fait pas, 5 personnes mourront. S’il le fait, 1 seule personne mourra. Le but de cette expérience est – entre autres – de voir si oui ou non nous raisonnons de manière conséquentialiste, c’est-à-dire en fonction des conséquences de nos actes (ici la souffrance/douleur causée ou évitée).
Vous Faîtes quoi ?

Un violoniste dans le dos

Un matin, au réveil, curieuse surprise. Non seulement il y a un inconnu dans votre lit - ce sont des choses qui arrivent -, mais il est branché dans votre dos par un réseau de tubes qui, entre vous et lui, font circuler du sang et d'autres liquides - ce qui est quand même plus rare. L'homme est un grand violoniste, un génie absolu. Il est atteint d'une maladie des reins, et vous étiez le seul organisme compatible. Ses admirateurs vous ont donc kidnappé, endormi, opéré. Vous en avez pour neuf mois. Si vous le débranchez, le violoniste mourra. Mais, après tout, vous n'avez vraiment rien demandé. En un sens, c'est même un cas de légitime défense. Si vous exigiez qu'on le débranche, seriez-vous moralement monstrueux ? 

L'amour fraternel ?

Deux adolescents, frère et sœur, font l'amour un soir d'été en étant sûrs de n'avoir pas d'enfant (elle est stérile et ils ont utilisé deux préservatif l'un sur l'autre. Très bien caché, ils ont la certitude que personne n'en saura jamais rien. Il y prennent beaucoup de plaisir. doivent--ils recommencer?

Et pour finir :  https://youtu.be/HcKl_OFD5lU


Acte de la séance 

Je ne fais pas/plus d'acte de séance, c'est un travail trop long. mais ici je veux laisser trace!


Je dois nous remercier et nous féliciter. Une séance très studieuse et qui a porté ses fruits. Une preuve de plus que la collectivité de recherche est parfois un extraordinaire outil.

Au fil de la discussion, il est apparu évident que plus nous nous connaissions, plus il était difficile de nous mettre devant un dilemme. La confusion et les hésitations sont dut en grande partie à une méconnaissance de nous même et de nos valeurs.


Un exemple en fut donné par l'évocation du dilemme de la voiture autonome sur le pont. 

Une voiture autonome est sur un pont, un enfant traverse alors de manière imprévisible (il étai caché derrière un poteau). La voiture sait que le choc sera fatal à l'enfant et ce même en utilisant tous les systèmes de freinage dont elle est équipée. Elle peut faire le choix de sauter du pont. Elle en connait la hauteur et sa vitesse et peut immédiatement calculer les chances de survie de son passager dont elle connait tous les marqueurs médicaux et les performances sportives. Les chances de survie de l'enfant en cas de choc sont de 0.001 %, les chances de survie du passager (30 ans, en pleine forme et bon nageur)  en cas de plongeon dans la rivière sont de 97%.

La société Mercedes répond : "La voiture choisit de percuter l'enfant."! En effet la société Mercedes se définit comme une société commerciale ayant un contrat moral de protection avec son client. Elle se doit de mettre tout en oeuvre pour le protéger dans la limite de la légalité. 


Connais toi toi même et tu sauras que faire en cas de dilemme ! 

Et laisser pas traîner vos gosses sur les ponts!

RécréPhilo - 16 janvier 2019 - Le plus important c'est de garder ses amis ou dire la vérité?

Un grand classique du débat philo avec les enfants c'est le dilemme. En Belgique, il est un des éléments classique du cours de morale.

  

Cette récréphilo va être consacrée à un dilemme entre honnêteté (à la loi) et fidélité à ses amitiés.

L'histoire de Guillaume et Ahmed 

Guillaume et Ahmed sont les deux meilleurs amis du monde. Ils étaient très contents lorsque le maître leur confia la mission à tous les deux d’aller chez la directrice pour lui remettre un papier important.

En sortant de la classe, ils furent étonnés d’apercevoir dans le couloir Juliette, une de leurs camarades. Elle était en train de fouiller dans le sac de Marc accroché au porte-manteau. Elle a en sortit un téléphone portable, l'a glissé à toute vitesse sous son pull et partit en courant.

Guillaume et Ahmed étaient atterrés. - Tu as vu ça ? dit Ahmed, Juliette a volé le téléphone  de Marc dans son sac !

- Oh la la ! répondit Guillaume, Il va se faire gronder par ses parents quand ils verront qu'il n'a plus son Samsung. Ce soir, moi, je vais aller tout raconter à Marc et à ses parents.

- Tu es fou ! s’exclama Ahmed, tu ne vas pas dénoncer Juliette! C’est notre amie. Et si ses parents apprennent qu’elle a volé, elle aussi, elle va se faire gronder. Non, moi je ne dirai rien à personne.


mercredi 4 décembre 2019

14-12-2019 NO-KIDS - Peut-on encore avoir un enfant?


Alors que la natalité en France baisse régulièrement, un mouvement ose déclarer : "nous  ne voulons pas d'enfants" ou même de dire "nous n'aurions pas dût avoir d'enfants", pour ceux qui ont connu "l'erreur" d'en faire.
Taux de natalité en France

Le tabou du "je ne veux pas d'enfant" est de plus en plus ébranlé et mouvement no-kids est présent dans les média. En France le livre No-Kids de Corine Maier, est l'objet à la fois un objet de cynisme et d'humour amis et un message représentatif d'une pensée qui existe chez les jeunes.


Les raisons ne manquent pas. Elles sont par exemple économiques, écologiques, sociétales, simplement égoïste ou encore pratique.  Pourtant un enfant représente la vie, l'espoir, la jeunesse. Ceux qui en ont, n'envisagent pas la vie sans eux et ne vivent que pour partager avec eux. 

Le mouvement n'est pas que franco-français, aux états-unis les "Childfree" énoncent le même message. Pour réduire  notre emprunte écologique, moins voir plus d'enfant est la solution.


Alors doit-on ou pas faire des enfants ? Les no-kids ont-ils raison? Les Childfree ne sont-ils pas trop radicaux?

les personnes en âge de procréer décidant volontairement de ne pas le faire restent minoritaires. Selon les dernières estimations de l’Ined, 6,3 % d’hommes et 4,3 % de femmes nés en 1968 sont dans ce cas. Pour Anne Gotman, directrice de recherche émérite au CNRS, le phénomène reste à la marge. « En revanche, ce qui est nouveau, c’est que ce comportement individuel s’est peu à peu constitué en cause, explique-t-elle. Il rejoint ce mouvement général de revendications identitaires où toute différence est bonne à défendre. »

Le mouvement a aussi ses radicaux absolus : Le collectif VHEMT (Voluntary Human Extinction Movement) et sa version francophone - le Mouvement pour l'extinction volontaire de l'humanité. Ils sont clair, leur but est  la disparition d’homo sapiens. Ainsi peut-être que la planète aura une chance.   

Philo Magazine 27 - MARS 2009

Mais la question n'est-elle pas alors pourquoi fait-on des enfants? Philosophie magazine nous questionne: " C’est l’un des actes les plus importants d’une vie. Il n’en est aucun dont les conséquences soient à la fois aussi durables et aussi imprévisibles. Et pourtant, on ne se pose presque jamais la question : pourquoi fait-on des enfants ? Pour ceux qui n’en ont pas encore, le choix peut sembler vertigineux. Pour ceux qui sont devenus parents, si on les interroge sur leurs motivations, la première réaction risque d’être… la perplexité. Le plus souvent d’ailleurs, il n’y a pas une raison isolée qui domine. C’est un écheveau complexe de désirs personnels, d’histoires familiales, de déterminismes, de hasards qui conduit à la naissance d’un bébé. ..." .

Élisabeth Badinter
Pour Élisabeth Badinter il y aurait trois raisons : la pression familiale, l’enfant qui devrait être une source d’amour et de bonheur supplémentaires et ce qu’elle nomme « le fantasme éducatif » qui ferait des futurs parents « fantasmés » de meilleurs parents que ceux qu’ils ont eu.
Mais, ne démolie-t-elle pas elle même ces arguments.  La pression familiale disparaissant avec l’éclatement de la cellule familiale, l’amour apporté à l’enfant devenant dette. Les enfants déclarant alors « Je n’ai pas demandé à naître. » ce qui selon elle signifierait : « C’est toi qui m’as voulu. Tu me dois tout. ». Elle déclare au final que : « Contrairement à ce que dit le discours traditionnel sur les enfants qui renforcent le couple, c’est en réalité une vraie épreuve. ». Le troisième argument donné comme un fantasme tombe alors de lui-même devant la réalité.

Hannah Arendt
Pour Hannah Arendt, la reproduction n’est qu’un acte permettant d’échapper à la finitude par l’espoir (toujours déçu) de la création d’un mini-moi. Ce clone espéré ayant pour objectif de vie le remplacement du parent lui, désespéré dans sa finitude.





Bernard Stiegler

Bernard Stiegler, comme souvent nous présente une pensée puissante et singulière: « L’enfant nous protège … de l’infantilisation. ». Il nous transforme en être responsable, en adulte. Le risque est-il alors que dans une société sans enfants, nous devenions tous des enfants ?

Michel Eltchaninoff 
Michel Eltchaninoff en accord avec Élisabeth Badinter pense que nous avons des enfants par devoir social. Il nous rappelle ensuite que  les Mbaya-Guaicuru, dont descendent les Caduveo du Brésil écœurés par la gymnastique que demande l’acte de procréation n’en avaient point et se « reproduisaient »  en volant des enfants dans les tribus voisines. Mais il ouvre une nouvelle voie en parlant de don. La dette de ceux qui ont reçu la vie, les parents, se payerait en donnant la vie à son tour.  De plus le mini-moi raté aurait l’avantage de me permettre de me dépasser puisque étant moi et différent, il m’entraine vers un nouveau moi. L’enfant serait-il un outil de transcendance ?

Guillaume Le Blanc
Guillaume Le Blanc, le rejoint-il quand il déclare qu’être parent c’est renoncé à son intimité et à sa sérénité ? L’enfant serait garant d’une obligation à une nouvelle implication dans le monde : « Les enfants nous apprennent que la multitude est partout, entre nous comme hors de nous : « c’est une expérience d’affinité élective créatrice de mondes. ». En philosophe méthodique, Guillaume Le Blanc s’interroge sur l’expression « avoir un enfant ». Il la juge « impropre » : « Elle [l’expression] suppose une relation de possesseur à possédé, alors qu’il s’agit d’une sollicitude mutuelle. Cette dernière est incarnée dans le joyeux bazar des corps (rires, pleurs, gestes de fureur et de tendresse). Être parent, c’est alors accepter d’être dépendant de “ses” enfants. »

En conclusion de ce résumé du dossier de PhiloMag, nous citerons Martin Legros (Redac Chef) qui nous rappelle que si à la fin des contes français  « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. », les mêmes, si ils sont d'ailleurs en Europe  « … vécurent heureux jusqu’à la mort. » (quid des gosses?) et de finir ce dossier en déclarant que : « la vie n’est pas un conte de fées. »

A lire (trop) rapidement ce dossier .... les raisons d'avoir un enfants me semblent donc plutôt floues, alors que les raisons de ne plus en avoir sont claires et pragmatiques (même mesurables d'un point de vue de l'impact écologique). Alors vient la question :  

Peut-on encore avoir un enfant? 


Pour en parler avec Nous. : N. B. jeune agrégé d'économie de 30 ans viendra nous expliquer sa position et les raisons de son désir de ne pas avoir d'enfant.

Vidéos :
Des enfants ? Surtout pas ! – Un couple témoigne de son refus de procréer


De Chid less à Chlid free


 Ne pas vouloir d'enfant

A écouter :
https://www.franceculture.fr/emissions/lhumeur-du-matin-par-guillaume-erner/lhumeur-du-jour-par-guillaume-erner-du-jeudi-28-fevrier-2019


A lire
   sur le web :
« Childfree » : faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?

   Livres :
No Kid : Quarante raisons de ne pas avoir d'enfant de Corinne Maier 

Le choix d'une vie sans enfant de Charlotte Debest

L'art de guillotiner les procréateurs : Manifeste anti-nataliste Broché – 15 avril 2006
de Théophile de Giraud 

Pas d'enfants, ça se défend ! Broché – 24 février 2011



Récré Philo - 12-12 -2019 - Faut-il absolument des règles pour vivre ensemble?


La question choisie par les élèves de CM1 et CM2  de Noé est pour le mois de décembre la question des règles et du "vivre ensemble". Il nous faudra sans doute nous dire ce que nous entendons par "Vivre Ensemble", puis sur ce qu'est une "règle", peut être même nous interrogerons nous sur la notion de nécessité et enfin sur ce mot d' "absolument".

Faut-il absolument des règles pour « vivre ensemble » ?

 Vaste programme.



Les règles selon l'éducation Nationale : https://eduscol.education.fr/education-securite-routiere/IMG/pdf/02_-_Vivre_ensemble.pdf

Le retour 

15 enfants présents, CM1 et CM2. Les enfants sont tous des volontaires pour venir. La majorité des participants vient pour la première fois. Le sujet a été choisi en classe et les élèves y ont déjà beaucoup réfléchit.

L'introduction du débat porte sur les "faut-il", est-ce une question qui se propose de donner un ordre ou un conseil? A l'étude des exemples donnés, il leur apparaît que si  "faut-il" est tout seul sans l'ouverture donnée par des adverbes comme "plutôt" ou "souvent" il s'agirait d'u ordre. 

Un long moment est alors pris pour définir ce qu'est "le vivre ensemble". Une majorité d'enfant ne souhaitant pas vivre avec "tout le monde», mais "avec ma famille" et avec "les amis".

Je propose ensuite une expérience toute simple, pour éclairer ce que pourrait dire "Le vivre ensemble". Les enfants sont invités à se raconter leur vacance pendant que je donne une recette de cuisine. Le résultat est clair, même en si m’étant à tous ils ne savent pas reconstruire la recette de la confiture d'abricots. Certains pensant même que c'était celle des fraises au sucre.

Après l'expérience, les enfants sont unanimes sur la nécessité d'une règle : La politesse!
"Chez moi, il n'y aura que deux règles: la première : il faut être poli. La deuxième, si on est poli on fait ce que l'on veut".

Nous finirons la séance en nous interrogeant sur la complexité de définir la politesse. En prenant comme exemple, le simple geste de dire bonjour et comment en fonction des circonstances :" Moi, quand je rentre dans une boîte de nuit, il y a trois cent personnes, c'est mon morceau préféré qui passe, je ne vais pas dire bonjour à chacun. Je dévale les escalier pour aller danser!".

Le chiffre de "12 personnes" ou plus semble être quand même dédouaner d'un bonjour individuel, pour  une majorité de participant, la complexité n'est cependant pas réglé puisqu'un enfant pense qu'il peut dire bonjour à la cantonade à partir de trois personnes, un autre que quel que soit le nombre l'on se doit de saluer les gens individuellement, un autre lui préconisant alors l'usage d'un mégaphone dans les grandes assemblés.

Nous devons constater que nous n'avons pas réussi à complètement régler le délicat problème du mode de salutation en fonction du nombre de personnes.

lundi 14 octobre 2019

16 - Novembre - L'homme est-il buggé?

Nous voila déjà à paler de la session de novembre. En effet pour cette session nous allons travailler autour d'un livre "Le bug humain". Afin de permettre aux futurs participants d'avoir lu le livre et à la médiathèque de gérer le roulement nous vous informons des aujourd'hui de la séance de novembre 2019. Il n'y aura pas de réunion en septembre et je reviendrai vers vous pour celle d'octobre.



Le livre dont on parle Il y a 200 000 ans, depuis l'Afrique, l'humanité partait à la conquête du monde. Elle détenait une arme secrète son cerveau. Une machine à penser, à tirer parti de son environnement, à se reproduire et à dominer. Longtemps notre meilleur allié, notre cerveau risque aujourd'hui de causer notre perte. Car il existe un défaut de conception, un véritable bug, au coeur de cet organe extraordinaire : les neurones en charge d'assurer notre survie ne sont jamais rassasiés et réclament toujours plus de nourriture, de sexe et de pouvoir.
Ainsi, nous sommes 8 milliards d'êtres humains sur Terre à rechercher encore et toujours la croissance dans tous les domaines. Pour ce faire, notre espèce hyperconsommatrice surexploite la planète, modifie son écosystème... et se met gravement en péril. Comment se fait-il que, ayant conscience de ce danger, nous ne parvenions pas à réagir ? Peut-on résoudre ce bug et redevenir maîtres de notre destin ? Oui, à condition d'analyser en chacun de nous et non plus seulement à l'échelon économique et politique ce mécanisme infernal qui pousse notre cerveau à en demander toujours plus.

La parution du livre "Le bug humain", pose un problème qui pourrait se résumer ainsi : Le cerveau de l'homme après lui avoir permis de survivre ne va-y-il pas le condamner ?

Poussé par les neurones de mon striatum, vais-je participer à la destruction de la planète ?

Comment faire pour évier cela !

Le livre est disponible à la médiathèque de Noé, il sera disponible en priorité jusqu'au 16 novembre 2019 pour ceux qui voudrons participer au débat du 16 novembre 2019 et je remercie à ceux qui vont l'emprunter de le lire rapidement.

dimanche 13 octobre 2019

Récré Philo - 14-11-2019- Et si on pouvait devenir un animal ?


Nous proposons une expérience de pensée. Et si on pouvait devenir un animal ?


Qu’apprendrait-on ?  Est-ce souhaitable ? Quel animal et pourquoi ? Ne plus être un homme mais un animal ? c'est perdre quoi ? C'est gagner quoi ?



Etre une chêvre : https://www.lexpress.fr/insolite/video-insolite-un-anglais-se-transforme-en-chevre_1719635.html


Deux mots sur la séance de thérianthropie
C'est au milieu des animaux d'une exposition "La faune des Pyrénées", qui présente des animaux photographiés, empaillés et des éléments de nature que nous avons créé le cercle. Au son du tambour, les enfants ont été invités à une expérience de pensée pendant laquelle les yeux fermés, je les ai guidés vers une transformation imaginée en animal de leur choix. Il y avait 14 enfants et deux n'ont pas voulu effectuer l'expérience. Trois adultes étaient présent pour écouter le débat.
Il y a eu des loups, des tigres, un chat, un cerf, un serpent, et un lion. Le cerf a senti ses bois, le tigre sa force, son pelage et son museau, le loup a senti des odeurs de sous-bois .... Le tigre avait faim de gazelles ... 
La comparaison homme animal a ouvert le débat sur la question de l'apprentissage, de la construction d'une histoire (création des armes, d'un système éducatif et de produit technologique) et pour finir sur la question de la place de l'homme dans la nature et de celle l'animal dans le monde des hommes (un chat domestique est-il encore un chat?).  
A la question qu'y a-t-il de bien à être un animal? La réponse unanime a été : "Ils n'ont pas école!". Le corps de l'homme a bien été perçu comme celui d'un animal désarmé, mais l'avantage d'être un homme dans une société et un enfant à l'école de Noé ce jeudi a été : "qu'il n'avait pas à chasser pour se nourrir". 

Comme il était l'heure du repas mes petits d'homme ont été rapidement guidés vers la cantine.

lundi 7 octobre 2019

19 OCTOBRE - PMA pour toutes - Rupture anthropologique majeure ? Allons nous vers une nouvelle humanité?

L'autorisation de la Procréation Médicalement Assisté pour toutes est maintenant un fait en France.   L’Académie de médecine, ce samedi 21 septembre, avait pourtant émis des “réserves” sur l’ouverture de la PMA à toutes les femmes.  Le rapport affirme que “la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure qui n’est pas sans risques pour le développement psychologique et l’épanouissement de l’enfant”.


La position du gouvernement pose question. En effet, si le gouvernement reconnait à l'Académie de médecine l'expertise sur les sujets médicaux, le gouvernement rajoute que “les études ne sont pas inquiétantes” et que cette autorité n’est pas attendue sur des avis sociétaux.  L'Académie aurait donc raison sur les risques du développement psychologique de l'enfant, (La psychiatrie fait à ce jour partie de la médecine) mais ces troubles à venir ne seraient qu'un fait de société.   

Nicole Belloubet, la ministre de la Justice déclare : « Sur l’acte de naissance apparaîtra "mère et mère" quand nous avons des enfants qui sont issus d’une PMA pour un couple de femmes, a déclaré Nicole Belloubet sur BFMTV. La réalité c’est celle-là : cet enfant a deux mères, et bien il aura deux mères à l’état civil. »

L'acte de naissance de l'enfant portera donc le nom de deux femmes et aucune indication du père. Réalité, fait alternatif ?

L'être humain comme le Sphinx à les pieds d'un animal, objet de nature et une tête d'homme, l'objet de culture par essence. Somme nous en train de perdre nos pattes d'animaux, de quitter pour toujours notre nature d'objet intermédiaire. L'homme ne serait plus de la même manière en lien avec la nature. Sa nature jusqu'ici est d'être procréer par un homme et une femme. Si nous cassons officiellement le lien entre parents génétiques et parents éducationnels et légaux , le petit d'être humain sera t il encore un Homo sapiens ou devient-il autre chose? un petit d'Homo Deus?
Un Homo Deus qui déciderai la vie et créerait de nouvelles règles d'apparition de la vie. Ces règles peuvent-elles encore faire réalité.    


Les femmes qui pratiqueront la PMA, vont elles vers une nouvelle humanité?
  
Notre débat ne sera pas tant de savoir si la P.M.A. pour toutes est une bonne ou une mauvaise chose mais d'en mesurer l'impact sociétal, anthropologique et philosophique. 

L'académie de Médecine a-t-elle tord? Cette nouvelle capacité légale n'est elle que mineure? La psychiatrie n'est-elle finalement pas de la médecine? Le gouvernement succombe-t-il à des pressions sociales qui vont jusqu'à le positionner dans une posture nian la réalité? L'être humain est-il par essence un être en évolution qui va vers moins de nature et plus de culture?   

Des vidéos

Quelques sites
https://www.philomag.com/lactu/breves/pma-un-panorama-des-positions-philosophiques-39312
https://www.lepoint.fr/debats/pma-pour-toutes-l-enfant-est-devenu-un-objet-de-consommation-12-06-2019-2318587_2.php
https://www.franceculture.fr/emissions/lhumeur-du-matin-par-guillaume-erner/lhumeur-du-jour-emission-du-mardi-24-septembre-2019
https://actu.orange.fr/societe/videos/pma-pour-ou-contre-duel-de-philosophes-entre-raphael-enthoven-et-pierre-le-coz-CNT000001jR7if.html

A lire
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/L-Homme-desincarne
https://www.philomag.com/le-corps-des-femmes-la-bataille-de-lintime-36469

dimanche 6 octobre 2019

Récré-Philo - 10 /10/2019 - La liberté

Toujours à la Médiathèque, Avec quelques élèves de CM1 et CM2 de l'école de Noé, nous nous interrogerons sur la liberté.
Après une lecture de la chèvre de Monsieur Seguin. Qu'est ce que la Liberté?

samedi 22 juin 2019

Samedi 27 juin 2019 - L'humiliation est-elle de plus en plus présente?

Selon Wiki : "Une humiliation est un rabaissement conduisant à une mortification, un état d'impuissance ou soumission. "

Etre humilié cela signifie donner à montrer en public un décalage entre ce que nous prétendons être et ce que nous sommes vraiment. Dans toute humiliation il y a une révélation pour soi et pour autrui. Pour soi parce que l'on comprend que les autres vous ont mis à nu et pour autrui car il comprend que vous ne valez pas ce que vous prétendiez.

C'est la raison pour laquelle l'humilié ressent de la honte : se voyant impuissant il veut disparaître, il veut mourir au monde et à lui-même et l'exposition publique lui est insupportable car elle le rappelle constamment à lui-même.
Etre humilié cela signifie donner à montrer en public un décalage entre ce que nous prétendons être et ce que nous sommes vraiment. Dans toute humiliation il y a une révélation pour soi et pour autrui. Pour soi parce que l'on comprend que les autres vous ont mis à nu et pour autrui car il comprend que vous ne valez pas ce que vous prétendiez.
C'est la raison pour laquelle l'humilié ressent de la honte : se voyant impuissant il veut disparaître, il veut mourir au monde et à lui-même et l'exposition publique lui est insupportable car elle le rappelle constamment à lui-même.
Autrement dit un truc super pratique, faire "péter les galons" et mettre une fin de non recevoir à toutes contestation. L'humilié ayant deux choix soit la fuite soit la souffrance de ne plus exister.



Olivier Abel déclare :
"Nos sociétés sont très focalisées sur l’injustice, et probablement pas assez sur les humiliations qui touchent à l’estime et au respect que les gens peuvent avoir de leur propre dignité. C’est pourquoi il peut être bon de repartir de la diversité des sentiments d’indignation. Nous réduisons d’ailleurs particulièrement l’injustice à une non-égalité dans les poids et mesures économiques et financières. C’est certainement capital, mais il manque alors une réflexion sur la violence, sur la spécificité de la domination. Lorsque quelqu’un utilise son pouvoir sans laisser à l’autre la possibilité d’un contre-pouvoir, il y a violence, dit Paul Ricœur, et c’est une forme d’humiliation. Il faut toujours laisser à l’autre « un petit couteau ». Il manque aussi dans nos réflexions sur la justice la dimension de l’aliénation, sur laquelle un certain socialisme critique (et parfois marxiste) avait beaucoup insisté. Cette notion venait de Rousseau, avec le sentiment que les gens peuvent être dépossédés de leur propre désir, de leur propre estime et évaluation de ce qui est bon, de leur confiance en soi —pour reprendre le titre d’un magnifique texte de ce fondateur d’une philosophie américaine radicale, aujourd’hui trop oublié, Emerson."
Femmes tondues à la Libération

L'humiliation est-elle de plus en plus présente dans nos sociétés? et quel moyens avons nous d'y répondre de ne pas se sentir humilié, pourquoi sommes nous aussi sensible à l'humiliation? Doit on être humble pour ne pas être humilié? L'humiliation est-elle une maladie contagieuse?

Qu’est-ce qui est le plus humiliant : être battu en public ou isolé pendant dix ans, soustrait aux regards. Nos formes de châtiment sont des concentrés anthropologiques, et donc aussi théologiques, auxquels nous devons être attentifs



L'humiliation est un moteur de haine et de vengeance.  Les Allemands ont été humiliés par le traité de Versailles en 1918 et le ressentiment était tellement puissant qu'Hitler a pu en partie prendre le pouvoir en s'appuyant sur l'humiliation que leur faisait subir le "diktat" du traité de Versailles. Il semble donc qu'il n'est pas d'humilier qui que ce soit.
Pourtant c'est un phénomène très répandu  et une méthode de management?


Un patron chinois donne une fessé en public à ses salariés.


Et bien sûr comment ne pas penser à France Télécom



Daniel Doublet n’a pas craqué, n’est pas parti, n’est pas tombé malade. "Je n’ai pas fait de dépression caractérisée. Mais j’ai été meurtri, humilié. Jusqu’à 55 ans, mes appréciations étaient bonnes. J’avais une relation de confiance avec ma hiérarchie. C’était des gens honnêtes, remplacés par des gens malhonnêtes." ICI
L’analyse présentée ici fait apparaître l’humiliation, donc la souffrance, comme la nouvelle figure de la condition humaine dans nos sociétés technologiques et nos économies mondialisées. Dans cette perspective, la jouissance ou le plaisir pourraient naître du privilège psychologique exorbitant de l’exercice de la puissance et de la cruauté.
Les sociétés contemporaines de consommation décuplent et intensifient ainsi l’insécurité psychique, la précarité, la dépendance qui font naître un sentiment de dévalorisation, d’infériorisation, d’humiliation, tenant au fait d’avoir à demander – réclamer – des choses qui constituent des besoins psychiques et font partie de droits fondamentaux. On comprend alors que, dans les sociétés contemporaines, la dignité, le respect, la considération, la reconnaissance, qui ont structuré notre sensibilité politique démocratique égalitaire depuis le xviiie siècle, suscitent aujourd’hui un intérêt grandissant. Le manque de respect, de considération, le déni de reconnaissance, peuvent dès lors constituer un champ de réflexions cruciales : la question de l’humiliation se pose à nouveau de façon aiguë dans les formes d’individualisme contemporain.
Ces nouvelles formes d’humiliation – éprouvées par soi, infligées à l’autre – sont souvent diffuses, insidieuses, imperceptibles, sans auteurs repérables : elles sont extraordinairement difficiles à observer et à qualifier, plus encore à codifier et à sanctionner, voire à légiférer. Ces humiliations invitent à soulever des questions qui sont aux fondements des sciences sociales. L’humiliation dans les sociétés contemporaines naît de la valorisation de types d’économie psychique qui provoquent l’abandon, l’oubli des gens qui ne peuvent que difficilement – voire en aucune manière – s’adapter aux exigences du système. Chaque individu y est en effet tenu de se faire valoir, de se promouvoir contre toutes les autres formes de relation, de privilégier les interactions concurrentielles et compétitives, entraînant une misère sociale et une misère psychique, susceptibles d’affecter le moi : un moi massifié, de plus en plus isolé, un moi tout à la fois privé de repères, de contacts et, cependant, dépendant et perdu ; un moi impuissant, profondément désorienté, et, en cela, dans l’incapacité psychique de s’associer à d’autres.
: la suite ICI

Le livre : Humiliation

Auteur Wayne Koestenbaum
Éditeur Climats
Pages: 227
Prix : 19,00 €

Une pensée:
« Cela a toujours été un mystère pour moi ; comment des hommes peuvent-ils se sentir honorés de l’humiliation de leurs semblables ? »
-Mahatma Gandhi-

l'éducation

Bizutage



dimanche 14 avril 2019

Samedi 20 avril - Vidéo et surveillance vont elles remplacer la peur de Dieu?


Les villages de France voient fleurir de bien étranges fleurs en ce printemps. Est-ce le réchauffement climatique ou des manipulations génétiques montsantoniennes? ils semblent qu'elles parlent de bien et de mal, de citoyenneté et qu'elles ont remplacées  les croix des années 60 qui affichaient les horaires des services catholiques.



Des images d'un  œil (Celui de Dieu) et d'une caméra à la place des croix à l'entrée des villages? Vidéo et surveillance vont-elles remplacer la peur de dieux ?

Qu'en pensent-ils

https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2012-2-page-124.htm#

Barbara Duden, « Penser au-delà de la Némésis médicale : Ivan Illich et la désincarnation moderne du moi et du toi » (traduit de l’allemand par Jean Robert), Rencontre Ivan Illich, 6 et 7 mai 2010, Institut d’urbanisme de Paris.

- "Avec la vidéosurveillance, il y a création d’une barrière symbolique, qui est intériorisée comme barrière géographique. « Aujourd’hui, le “sujet” est de plus en plus fréquemment invité à s’adapter systémiquement lui-même dans ses orientations les plus intimes [6]
[6]Barbara Duden, « Penser au-delà de la Némésis médicale : Ivan…. » Tout en masquant l’enfermement, elle l’engendre. Tout individu qui se sait « anormalement » présent par rapport aux buts affichés d’un lieu se sentira filmé. C’est une barrière mentale de différents ordres : elle délimite sans interdire l’entrée, elle norme sans contrainte physique et pourtant, elle contraint tout dans son champ de vision. "

  La disparition de la frontière dedans-dehors au sein de l’espace urbain rend la vidéosurveillance nécessaire : le danger vient désormais de nous, de l’intérieur, il s’immisce partout. Seule la vigilance de tous les instants, la possibilité de scruter la vie publique, nous protégerait de ces risques [8]
18Il me semble que l’idée même de vidéosurveillance sous-tend une abolition de la distinction entre sphère privée et publique. Hannah Arendt, dans Qu’est-ce que la liberté ?, distingue nettement les deux sphères et oppose « la sécurité protectrice de nos quatre murs » du domaine privé au courage nécessaire dans le domaine public 

La vidéo-surveillance est la panacée en matière de sécurité : elle fait reculer le crime, les délits, les incivilités, en tout cas selon Nicolas Sarkozy qui défendait ce système dès 2007 quand il était alors président de la République. 
Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS (Laboratoire méditerranéen de Sociologie) a réalisé une vaste enquête dans trois villes françaises emblématiques et publie son constat sans appel dans Vous êtes filmés ! Enquête sur le bluff de la vidéosurveillance, aux éditions Armand Colin.
Ce qui est exact dans le raisonnement de Nicolas Sarkozy c’est que dans une démocratie comme celle de la France, la vidéosurveillance ne constitue pas en soi une menace pour nos libertés individuelles, publiques, notre liberté. Parce qu’en soit la technologie n’est rien, c’est le régime politique qui fait tout. Là où il a tort c’est quand il explique que partout où la vidéosurveillance a été installée, la sécurité a fait des progrès. C’est faux. Les crimes ne font que se déplacer. On appelle ça le 'phénomène de déplacement de la délinquance', et c’est sans fin.
La vidéosurveillance est un marché mondial hyper concurrentiel avec des pays comme les Etats-Unis, la Chine, à la pointe de ce marché et qui cherchent à conquérir la planète entière jusqu’à aller vendre des programmes de vidéosurveillance à des pays parmi les plus pauvres de la planète qui n’ont ni électricité ni eau courante.
Il ne faut pas raisonner en terme de faits divers mais il faut se demander, sur une ville donnée, les enquêtes dans lesquelles une image a été décisive pour les policiers ou les gendarmes, qu’est-ce que ça représente dans leur activité totale dans l’année ? Je montre que quelle que soit la ville, la proportion d’enquêtes où les images ont joué un rôle important est comprise entre 1 et 3%. Si c’est petit, ça coûte combien ? Est-ce que cet argent on ne pourrait pas l’utiliser pour quelque chose de plus efficace encore ?

Et si la vidéo remplacé la justice?