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vendredi 8 janvier 2021

16-janvier 2020 - La vérité ? Existe-t-elle?, comment la reconnaître ?


Vérité sortant du puits armée de son
martinet pour châtier l’humanité

La question de la Vérité est une question majeure en philosophie. Certain allant même jusqu’à réduire la philosophie à la recherche de la Vérité. 

Qu'est ce que la Vérité (voir la petite vidéo) 

https://youtu.be/9CgJScHZzWA

Vérité (nom commun)
1°) Caractère de ce qui est conforme à la réalité.
2°) Proposition, jugement ou croyance qui est vraie.
3°) Réalité profonde d’une chose, par opposition à ses manifestations superficielles.

Platon : Allégorie de la caverne, où est la vérité? peut on la supporter?

La caverne de Platon
ressemble fort à nos cinémas
Dans l'Allégorie de la caverne, Platon nous signifie que  les objets du monde sensible (homme, plante, objet)  ne sont que des apparences, des avatars de l'essence. La vérité est dans l'essence que nous ne trouvons que dans la raison (opposé à la sensation qui est subjective et relative).

C'est donc dans le monde intelligible, le monde du "vrai" celui du marionnettiste, celui qui est dans la lumière du soleil  qu'est la Vérité.



Alors de quoi parlons nous ?

Écartons tout de suite ce qui n'est pas notre sujet , la Vérité qui nous occupe n'est pas celle du fait (Il est né le 1 janvier 2020) ou d'un objet (c'est du vrai bois d'arbre).  Elle est celle qui est construite par le travail de la pensée, puis une fois pensée, dite. Dite pour être transmise. La vérité qui nous occupe est donc un fait de pensée transformé en langage et donc en tant que langage elle deviendra une représentation.  

C'est donc bien le sens "Proposition, jugement ou croyance qui est vraie" qui nous intéresse. Reste à savoir comment détecter le vrai.

La vérité, peut-on toujours la dire ? 

La Vérité que l'on cherche part donc d'une parole. comment ne pas commencer cette réflexion sans évoquer l’énigme suivante :

Une petite énigme

Epimenides le crétois 
Après qu'on lui rapporta cette phrase, le logicien Philatos de Cos se suicida. Pourquoi ?

La réponse pourrait être celle-ci :  Epiménides  est un Crétois. Donc soit il dit la vérité et donc il n'est pas menteur et donc (tous) les Crétois ne sont pas menteurs et donc il ne dit pas la vérité, soit il ment et donc les crétois ne sont pas (tous) des menteurs,mais lui en est un et donc les crétois sont (tous) des menteurs. Ce paradoxe posé à Philatos aurait causé sa mort par la tristesse de ne pouvoir le résoudre.

Nous partons ici bien mal. En prouvant que le langage n'est pas toujours un élément dont la construction syntaxique est synonyme de capacité d'expression et donc de la capacité à exprimer la Vérité. Le langage est à la fois expression sémantique et objet. À cette question : " vas-tu répondre non ? ». Il n'y a en effet pas de bonne réponse. Le "non" est ici réponse et objet et cette situation n'est pas gérée par le système linguistique. 

Le langage n'est donc en effet pas toujours de manière simple et efficace capable de nous aider à énoncer la Vérité. Est-ce pour cela que la Vérité n'existe pas ? 

La vérité, la méthode pour la trouver? quid de la vérité scientifique ?

Platon, toujours lui, considérait que les mathématiques sont un témoin des essences éternelles, en tant que vérités abstraites. L'Académie, exigeait de ses élèves une appétence pour les mathématiques, sur son fronton la devise s'écrivait : « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre ».  Il nous reste donc un autre langage que les mots et non des moindres celui des mathématiques et dans le réel, sa vérification par la science expérimentale : la physique. Les vérités scientifiques sont parfois d’abord énoncées  par les mathématiques puis validées par la mesures. Elles sont bien la preuve que la Vérité existe.
En système décimal 2 + 2 = 4. C'est une vérité incontestable! Pourtant, à l'écoute du discours de George Bernard Shaw, en l'honneur d'Einstein à l’hôtel Savoy à Londres le 28 octobre 1930, pointe une inquiétude: cela ne durerait pas tant que ça.


https://youtu.be/EVZ1SutZ_yk
"Napoléon, et d'autres grands hommes comme lui, étaient des fabricants d'empire. Mais il y a un autre type d'hommes qui vont au-delà: ils ne sont pas des fabricants d'empire, mais ils sont des fabricants d'univers. Et quand ils ont fait ces univers, leurs mains ne sont pas tachées par le sang d'être humain sur terre. Ptolémée a fait un univers, qui a duré 1400 ans. Newton a également fait un univers, qui a duré 300 ans. Einstein a fait un univers, et je ne peux pas vous dire combien de temps cela va durer."

Il semble bien que la Vérité si elle peut s'écrire, ne soit pas aussi permanente que l'on pourrait le penser. Qu'en est-il alors de ce "2+2 = 4" ?

La recherche de la Vérité, qu'en pensent des philosophes  ?

Saint Thomas d'Aquin
Dans Sur la vérité, Saint Thomas déclare que la vérité n’est pas la réalité et n'est pas non plus l’intelligence, mais la concordance de la réalité et de l’intelligence. Saisir le vrai, c’est se conformer à ce qui est. Est-ce dire "le fait tel qu'il est" ?
Dire le fait suffit il à dire la vérité? Un exemple:  Le fait, "Le bombardement de Guernica (sous le nom de code opération Rügen) est une attaque aérienne réalisée sur la ville basque espagnole de Guernica le lundi 26 avril 1937 par 44 avions de la Légion Condor allemande nazie et 13 avions de l'Aviation Légionnaire italienne fasciste, en appui du coup d'État nationaliste contre le gouvernement de la Seconde République espagnole." Le fait juste rapporte t il l'horreur de la guerre ? Est-il suffisant à être Vérité dans sa complétude ? L'émotion 'est pas elle pas un élément de vérité ?  Pour saint Thomas, c'est ensuite dans le jugement qui signe notre intelligence que va se trouver l'élément apportant la Vérité. 

Dans La synthèse thomiste de la vérité, René Kremer explicite :" ... la chose en soi et la simple représentation ne sont pas véritablement différentes, celle-ci n'étant rien d'autre que la chose transposée dans l'intelligence. Il faut donc, pour qu'il y ait vérité, adéquation entre l'être et l'esprit, un acte différent de la simple appréhension, c'est-à-dire un jugement. C'est en ce sens aussi qu'on peut parler à propos de tout jugement d'une certaine réflexion de l'esprit sur son acte; pour qu'il y ait vérité, il n'est pas indispensable que l'intelligence prenne son acte comme objet de connaissance ou analyse sa propre nature, mais il faut que, éveillée par un premier contact avec le réel, elle se demande ce qu'est l'objet qui lui est ainsi présenté et comment il peut être exprimé à nouveau et d'une manière plus distincte. La théorie thomiste de la vérité insiste sur l'immanence de la vie de l'esprit et par conséquent sur l'immanence de la vérité. Elle ne sépare pas cette immanence de la transcendance de l'objet : c'est l'union des deux dans le même acte qui donne à la vérité."


Edgar Morin contre le pragmatisme
Certains philosophes comme l’américain William James, fondateur du pragmatisme (Le pragmatisme est l'ensemble des théories définissant la vérité comme la propriété d'une croyance qui se révèle satisfaisante à la fin de l'étude.), estime donc que le vrai ne peut pas avoir pour critère ce qui est conforme à la réalité parce que la réalité est trop riche et trop mouvante (il rejoint ici Platon). Edgar Morin lui répond par l'éloge de la complexité. Edgar Morin écrit dans Science avec conscience (1982) : «Le but de la recherche de méthode n’est pas de trouver un principe unitaire de toute connaissance, mais d’indiquer les émergences d’une pensée complexe, qui ne se réduit ni à la science, ni à la philosophie, mais qui permet leur intercommunication en opérant des boucles dialogiques »

https://youtu.be/MWOP-NZvCj0  et https://youtu.be/agu1cpNCk-k E. Morin réfute Platon et la séparation du corps et de l'esprit. il réfute Descartes qui sépare esprit et matière et toujours Descartes quand il se propose de résoudre le problème en le simplifiant en plusieurs étapes, étapes allant du plus simple au plus complexe. La Vérité pour E. Morin est à chercher avec une pensée complexe, dialogue du corps (les émotions) et de l'esprit (la raison), tout est à considérer comme un tout indissociable en acceptant la complexité. 

Popper

Karl Popper, définit ce qui est vérité possible pour une hypothèse scientifique. Pour être scientifique, un énoncé scientifique doit pouvoir être réfuté. Une théorie n’est potentiellement vraie que si l'on peut émettre l'hypothèse inverse. Si réfuter la théorie "A" est un argument de validation de "A", cela signifie qu'alors, l'hypothèse "A" n'est pas scientifique. Ainsi, par exemple, la psychanalyse (qui utiliserait le fait de ne pas reconnaître "votre désir de tuer votre père\mère" comme le signifiant que vous faites un blocage inconscient et donc que c'est la preuve de la théorie du complexe d’Œdipe.) n'est pas une science. Il en est de même pour le sceptique qui bloque le médium (c'est parce que tu n'y crois pas que l'esprit n'est pas venu) ou le marxisme (Celui qui ne pense pas marxiste se comporte en bourgeois justifiant ainsi la théorie de la lutte des classes).


Nietzsche
(cours de terminale) la vérité est un mensonge coagulé.  La Vérité n'existe pas car nous n'en avons pas les critères! Notre croyance dans l'absoluité de notre perception est remise en question par les perceptions des insectes ...  : "Il n'y a aucune ressemblance entre l'objet table et ma perception de la table".


"Ce n'est que par l'oubli de ce monde primitif de métaphores, ce n'est que par le durcissement et le raidissement de ce qui était à l'origine une masse d'images surgissant, en un flot ardent, de la capacité originelle de l'imagination humaine, ce n'est que par la croyance invincible que ce soleil, cette fenêtre, cette table, est une vérité en soi, bref ce n'est que par le fait que l'homme s'oublie en tant que sujet, et ce en tant que sujet de la création artistique, qu'il vit avec quelque repos, quelque sécurité et quelque conséquence : s'il pouvait sortir un seul instant des murs du cachot de cette croyance, c'en serait aussitôt fait de sa « conscience de soi ». Il lui en coûte déjà assez de reconnaître que l'insecte et l'oiseau perçoivent un tout autre monde que celui de l'homme et que la question de savoir laquelle des deux perceptions du monde est la plus juste est une question tout à fait absurde, puisque pour y répondre on devrait déjà mesurer avec la mesure de la perception juste, c'est-à-dire avec une mesure non existante. Mais il me semble surtout que la perception juste - cela signifierait : l'expression adéquate d'un objet dans le sujet - une absurdité contradictoire ; car, entre deux sphères absolument différentes, comme le sujet et l'objet, il n'y a pas de causalité, pas d'exactitude, pas d'expression, mais tout au plus un rapport esthétique, je veux dire une transposition insinuante, une traduction balbutiante dans une langue tout à fait étrangère ; ce pour quoi il faudrait en tous cas une sphère et une force intermédiaires composant librement et imaginant librement. Le mot « phénomène » détient de nombreuses séductions, c'est pourquoi je l'évite le plus possible ; car il n'est pas vrai que l'essence des choses apparaisse dans le monde empirique. Un peintre auquel il manque les mains et qui voudrait exprimer par le chant l'image qu'il a devant les yeux, révèlera toujours davantage par cet échange des sphères que le monde empirique ne révèle de l'essence des choses. Même la relation entre l'excitation nerveuse et l'image produite n'est en soi rien de nécessaire ; mais quand la même image est reproduite un million de fois, qu'elle est héritée par de nombreuses générations d'hommes et qu'enfin elle apparaît dans le genre humain chaque fois à la même occasion, elle acquiert finalement pour l'homme la même signification que si elle était l'unique image nécessaire et que si cette relation entre l'excitation nerveuse originelle et l'image produite était une étroite relation de causalité ; de même un rêve éternellement répété serait ressenti et jugé absolument comme la réalité. Mais le durcissement et le raidissement d'une métaphore ne garantit absolument rien en ce qui concerne la nécessité et l'autorisation exclusive de cette métaphore."
Nietzsche (Vérité et mensonge au sens extra moral)


Le cours ! - Attention prenez des notes. https://youtu.be/pzPHO_CODZs

Détecter le vrai!

Classiquement c'est par la méthode. C'est le travail de la démonstration
Quel soit mathématique ou philosophique elle roule et accouche d'une vérité. Mais toujours en se basant sur une autre vérité précédente !

Exemple Mathématique 

.

Démonstration Philosophique

Démontrons que cette Hypothèse est fausse :   Il n'y pas de chose toujours vrai, Chacun a sa vérité .
Ben deux solutions ou l'hypothèse est vrai ou elle est fausse.
Si elle vrai donc comme elle se pose en vérité c'est quelle est fausse, elle est donc fausse!
(Je sais, je me la joue facile)

De La difficulté à détecter le vrai ?

Nietzsche enfonce le clou sur nos difficultés à percevoir la complétude du réel et nous avons vu qu'il était aussi parfois difficile de dire cette vérité, voire de modéliser mathématiquement de manière pérenne la complexité du réel. Popper nous met en garde contre ce qui n'est autre que de la manipulation, il nous faudra donc rester vigilant.

Mais quid de ce qui ne se mesure pas, des sentiments de la métaphysique, de la douleur et encore de l'écart à la norme sociale,

- Tu fais du combien en humanité ?  
- Je sais pas, je crois que je fais du 7 en Amour, mais seulement du 2 en espérance divine, pour le reste je sais pas. J'ai jamais été pesé en emphatie et en bienveillance. 
- Ha merde, moi je mesure quand même du 45 en angoisse de perdre les cheveux
- OK! Tu as baissé non en homophobie non? Pais tu es monté en  désobéissance civile, je l'ai vu sur FB.
- Ah oui j'ai eu 25 likes pour mon 14 en homophonie et mon 2750 en désobéissance civile
- Chiao, je vais aller injurier mon mari pour 99.9 Inj. Il a jeté le bébé avec l'eau du bain!   

IL y a, je pense, d'autres systèmes de mesure. Peut être un système de mesure qui fait intervenir le corps et l'inconscient.Les perceptions en tout cas car : nous percevons. Nous percevons et nous décrivons. Le langage, l'art, le geste, les odeurs sont des éléments qui permettent un certain niveau de communication. Il n'est donc pas insensé de penser que cette communication (même si elle est l'imparfaite transition d'une perception incomplète)  peut être ressentie ou analysée comme la Vérité. 

Mais alors quand la mesure échappe ou est si troublée qu'elle n'est pas accessible, comment savoir que nous sommes en présence de la Vérité et quelle est sa constance?

L'évidence de la Vérité révélée

La vérité qui est n'est pas démontrable, celle qui échappe à la méthode:
celle qui est est hors la loi, hors des repères posés par le cadre. S'il n'y  aps de méthode accessible, il nous reste quoi ?

Cherche tu vas trouver!

https://youtu.be/3vdHki_R37M : Il y a une évidence à la vérité. La vérité est comme la beauté elle provoque en nous un sentiment de complétude. Comme la beauté, elle est une pause dans nos tensions. Le "c'est beau!" comme "le "C'est vrai!" est un moment d'éternité suspendu hors du temps. Comme devant la beauté où nous ne pouvons que nous exprimer par un: "C'est beau" dans un sentiment d'harmonie qui va jusqu'à nous harmoniser avec nous même, la vérité nous désarme et les tensions s'échappent pour nous laisser rempli enfin d'une certitude : "c'est vrai!".
 

https://youtu.be/gV3g5eKGh6E : C'est la rencontre avec la Vérité qui est le terme d'un chemin de recherche. Brutale elle sort du puits et nous éveille à coup de martinet.

Voyons la à l'oeuvre dans une série d'exemple :
Martin Guerre
EN 1560, Quand Martin Guerre apparaît dans le tribunal qui juge son imposteur, la vérité éclate, elle est là et tous reconnaissent "le vrai" Martin Guerre: A l’apparition du vrai Martin Guerre, "Bertrande de Rols  [sa femme tombée amoureuse de l'imposteur] fondit en larmes et implora à genoux son pardon. Arnaud du Tilh [l'imposteur] lui-même, troublé par cette soudaine apparition et se sentant perdu, avoua finalement toute la supercherie."
Martin Guerre apparaît 
La vérité est donc un événement qui pose en nous un repère à la manière d'une révélation. 
En tant qu'événement elle est datée et devient passé, mais, en temps que révélation, elle va enrichir un système de pensée. Cette révélation nous surprend et comme la contemplation de la beauté nous met en pause. Mais cette pause est de courte durée car la Vérité est une injonction. Une injonction à intégrer ce savoir nouveau dans son système de pensée, c'est pas toujours facile!

Les Justes découvreurs de vérité

En parlant de vérité, comment faire l'impasse sur les Justes.  Ces justes qui ont perçu la Vérité. Un exemple "de Juste" nous est donné dans le Film le jeu de la mort .  Confronté à une expérience du type Milgram celui qui dit la Vérité n'est alors plus attaquable, plus manipulable. Les contre-arguments sont indicibles ou au moins plus exploitables. La speakerine ne peut que répéter "Nous assumons..." et le public "Le million, le million ... ". Mais aucun argument n'est plus prononcé ou exposé. Le Juste, qui fait appel à l'humanité, au refus de l'autre de souffrir, à la réciprocité à créé un moment de Vérité.

La vérité sort de la bouche des enfants
Un autre et dernier exemple sera celui du conte "Les habits neufs de l'empereur". Une fois déclaré nu, l'empereur est nu pour tous !

https://youtu.be/m7Eb-fsVcxE
Donc :
La vérité sort aussi du puits. Elle est aussi surprise que celui qui la contemple et peut-être en colère d'avoir à se découvrir, son martinet fera de celui qui lui refuse son attention un spectateur plus actif. 

Comment (se) cacher la vérité?

C'est globalement en jouant sur les "bons sentiments" que nous parviendrons pour un temps à cacher la vérité. "Toute vérité n'est pas bonne à dire" : Le martinet est un peu trop sévère. C'est l'attitude du médecin paternaliste qui ne révélait pas son mal funeste à son malade. 

On retrouve classiquement cette attitude chez  nos dirigeants qui dans un effet de manche parlent de faire de la pédagogie. Le cas d'école nous est donné justement par le ministre de l'éducation actuel. 

  « Il me semble qu’il existe une tendance dans la sociologie française à lire la société à travers le seul prisme des inégalités », assène-t-il, dénonçant une « sorte de pessimisme de principe ». Et de citer l’exemple de ce jeune d’origine défavorisée qui, à force d’entendre parler de Bourdieu au lycée, avait fini par intégrer qu’il n’avait aucune chance de réussir. Il s’interroge sur « cette délectation morose impérialiste dans laquelle se sont enfermés nombre de sociologues, et qui produit [...]

La vérité, nous la connaissons tous et la voilà telle que donnée par son ministère:
Taux de maîtrise du français et des mathématiques en CE2
selon l'indice de position sociale
Unité : %
FrançaisMathématiques
Premier quart*58,156,6
Deuxième quart71,269,2
Troisième quart79,378,3
Quatrième quart87,384,6
* Indice de position sociale le plus bas.
Source : ministère de l'Éducation nationale – Données 2017 – © Observatoire des inégalités
Que fait donc ici le M. Blanquer?  Il crie deux choses. 
La première comme le médecin à son malade. il se dit :"Cacher ce sein que je ne saurai voir, la vérité est trop cruelle" et dans une posture paternaliste pense que puisque toute vérité n'est pas bonne à dire, il ne faut pas la dire. 
La seconde, plus pernicieuse est qu'il cite un exemple d'un seul élève comme valant contre argument à des statistiques nationales portant sur des millions d'élèves. Ce qu'il dit est donc: "Mais ne dîtes pas cela, vous allez enlever tout espoir à ce jeune d’origine défavorisée". Cette manipulation de bas étage ne jouant que sur le pathos (qui plus est accompagné d'un refus de l'intellectuel sociologique) est simplement le plus bel exemple de populisme paternaliste que l'on puisse trouver. 

M. Blanquer fait ici penser à un chauffeur de bus qu lâcherai le volant pour cacher les yeux d'un enfant assis dans le bus car celui-ci ne doit pas voir le crash du bus dans le mur.

Ce type d'attitude demande une position de pouvoir. Comme celle du pape Camille Borghèse (Paul V.) qui en 1616 notifie à Galilée que l'héliocentrisme, étant contraire aux Saintes Ecritures ne peut à ce stade être défendu ou enseigné. Comme M. Blanquer ou comme le médecin paternaliste, il ne renie pas la vérité, elle est ce qu'elle est, mais on ne doit pas la dire. 

Mais cette même attitude, ne peut perdurer. Elle n'est que temporaire. Qui se souvient de Camille Borghèse? Qui se souviendra de M. Blanquer ? Et comment cosmologistes ou sociologues pourraient-ils oublier Galilée ou Bourdieu ? Et notre malade devra lui faire face à sa maladie!


Conclusion
Complexe et sûrement toujours en évolution (puisque l'on n'a de cesse de la chercher,
C'est bien sûr par la méthode scientifique (Descartes / Mathématique) que l'on peut la découvrir.   comme les théories sur l'univers citées par  G. B. Show), la Vérité s'inscrit dans un temps et une échelle de temps. On cependant peut la trouver car elle existe bien.

Il est cependant des vérités si cachées, si complexes, et si difficiles à déterminer par la méthode qu'il nous faudra faire intervenir d'autres outils. Des questions comme est-ce que je l'aime ?  ou Ne suis je que matière ? Qu'est ce que le temps ? Me semble échapper à toutes méthode. On la reconnaîtra alors,  à ce qu'elle provoque pour un temps, une libération de cette obsession de la quête.

Si certain peuvent essayer de la renvoyer au fond du puis, elle en ressort toujours et cette révélation, une fois décrite dans une langue transmissible (mathématique, philosophique, artistique, roman, loi...), devient alors un nouvel élément du système qu'elle sert à décrire, à éclairer. Puis le système enrichi de cette nouvelle vérité s'ouvre de nouveau comme un espace de recherche.

La Vérité s'inscrit dans dans un temps et pour un temps. Une fois trouvée, elle construit notre histoire commune et ouvre de nouveaux champs de recherche ou elle va se retrancher et ou nous n'aurons de cesse de la traquer.

Cependant, comme Georges Bernard Show et l'enfant du conte des habits neufs de l'empereur peuvent en témoigner : "La vérité. Elle existe bel et bien, mais dépêchez vous elle peut filer".


Le 8 juin 1972 cette photo est devenue la vérité et la représentation de la guerre au Vietnam. Ce qui a été "Vérité" a alors mis un terme à la guerre.

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