Il parle de la mémoire. La mémoire est la capacité d'établir une continuité entre mon présent et mon passé : c'est le support de l'identité personnelle, c'est-à-dire de la conscience d'être soi.
Sans aucun doute mais est on prisonnier de notre mémoire ?
La jetée 1962
La Jetée de Chris Marker est un film français de science-fiction par excellence. un petit garçon assiste à un meurtre depuis la plateforme d'Orly. Cette scène le marque pour toujours ainsi que le regard d'une jeune femme qu'il croise à ce moment là.
Les thèmes du films sont nombreux l'amour, la mémoire,
La mémoire est chez Chris Marker est à la fois un territoire à explorer et un refuge. La mémoire est le départ du présent et définit le futur. Mais elle est le passé ou une image du passé.
Sommes nous construits par nos souvenir ou prisonniers de nos souvenir ?
C'est la question que nous nous poserons samedi 20/11/2021 à 11h après avoir regardé ce film ensemble.
Se souvenir, c’est conserver la trace de sensations imprimées dans la mémoire comme un sceau dans de la cire. Mais se souvenir n’est pas suffisant pour connaître : la connaissance est un « ressouvenir », « une réminiscence des réalités jadis contemplées par notre âme », puis oubliées lorsque l’âme s’est incarnée dans un corps, explique Platon dans le Phédon. Connaître, c’est donc reconnaître, en explorant notre mémoire.
Augustin
(354-430)
La mémoire est le présent du passé, établit saint Augustin dans les Confessions. Par définition, le passé est ce qui n’est plus là. Mais en passant, il laisse des traces dans l’esprit, des souvenirs qui nous permettent de mesurer le passage du temps. « L’immense palais de la mémoire », rempli des images de ce qui n’est plus, est donc notre « trésor » le plus précieux : il permet au passé d’être toujours présent dans notre esprit.
Locke
(1632-1704)
Comment savoir si l’on est la même personne qu’hier ? Parce qu’on s’en souvient. La mémoire est la capacité d’établir une continuité entre mon présent et mon passé : c’est le support de l’identité personnelle, c’est-à-dire de la conscience d’être soi. « Aussi loin que cette conscience peut s’étendre sur les actions ou les pensées déjà passées, aussi loin s’étend l’identité de cette personne », écrit Locke dans l’Essai sur l’entendement humain.
Nietzsche
(1844-1900)
La mémoire nuit à notre santé psychique, explique Nietzsche dans la Généalogie de la morale. Parce qu’elle nous tient prisonniers du passé, la mémoire nous empêche de vivre, en alimentant notre mauvaise conscience. Pour digérer notre passé, pour éviter que nos souvenirs ne nous rendent malades, le philosophe préconise « l’oubli actif » : il faut apprendre à « fermer de temps à autre les portes et les fenêtres de la conscience ».
Proust
(1871-1922)
Seule la mémoire involontaire, stimulée par la sensibilité, peut ressusciter le passé. Lorsque l’odeur et la saveur d’une madeleine trempée dans du thé font palpiter un souvenir confus, l’effort de remémoration est incapable de ramener à la conscience « l’instant ancien que l’attraction d’un instant identique est venue de si loin solliciter » ; quand l’effort cesse, soudain le souvenir d’enfance reparaît, avec tout un pan du passé.
Freud
(1856-1939)
« La conscience naîtrait là où s’arrête la trace mnésique », écrit Freud dans les Essais de psychanalyse. La mémoire est en effet le royaume de l’inconscient : certains de nos souvenirs y sont déformés, d’autres y sont refoulés, mais ils se rappellent à nous notamment dans les rêves. La mémoire abrite donc les souvenirs que notre conscience a oubliés et que l’analyse peut faire remonter à la surface par un travail de remémoration.
Ricœur
(1913-2005)
Face à la fièvre commémorative, mais face aussi au risque de l’oubli, comment définir une « politique de la juste mémoire » ? Dans La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli, le philosophe explique qu’il n’y a pas de mémoire juste sans histoire, car la mémoire vise la fidélité au vécu, alors que l’histoire vise la vérité du passé. Le travail critique de l’historien est nécessaire pour corriger la mémoire et pour lui donner un sens collectif.
Le film
la thèse du film pourrait être que la mémoire est un outil de préservation au niveau collectif, puisqu'il permet de sauver l'humanité en contactant le futur. Mais au niveau individuel il est simplement un objet létal.