Accéder au contenu principal

Collège - 7 décembre 2023 - De quoi la beauté nous sauve ?

 


Nous recherchons la beauté ? Mais pourquoi ? Que nous fait-elle ?


« La beauté sauvera le monde » : c’est sous la plume de Dostoïevski, plus précisément dans son roman L’Idiot, et dans la bouche de son personnage principal, le prince Mychkine, que l’on trouve cette formule fameuse2. Fameuse, et surprenante. Le moins qu’on puisse dire est qu’elle sonne comme un paradoxe, mais aussi comme une énigme : chacun des mots dont elle est faite, chacune des conceptions ou des convictions qu’elle sousentend demande explication. Que signifie « la beauté » ? Et que signifie « sauver le monde » ? Et de l’un à l’autre, quel rapport peut-il bien exister ? 


Quand la beauté nous sauve
EAN : 9782221114087
234 pages
ROBERT LAFFONT (07/02/2013)
L’éclat d’un rayon de lumière se posant sur les flots à travers un ciel d’orage, les couleurs flamboyantes d’un tableau de Van Gogh, une mélodie de Michel Berger ou de David Bowie, les progressions vertigineuses d’une fugue de Bach, le profil d’un homme ou d’une femme, la majesté splendide d’une voûte gothique… La beauté nous frappe (souvent à l’imprévu) et nous touche d’une façon qui peut nous paraître d’autant plus inexplicable qu’elle est forte. Or, si nous reconnaissons la sensation unique que la beauté nous procure, nous ne lui attribuons généralement pas un rôle central dans notre existence. Nous aurons plutôt tendance à mettre en avant la recherche du bonheur, du plaisir, ou encore l’amour, l’amitié, l’engagement pour une cause, la réussite, le pouvoir… Comme si la beauté était un agrément superficiel, secondaire, extérieur à ce qui fait le sens de notre vie. Pourquoi alors nous attire-t-elle, nous fascine-t-elle tant ? Pourquoi avons-nous tant besoin d’elle, du plaisir particulier qu’elle nous donne ? C’est que, affirme Charles Pépin, sans que nous en ayons forcément conscience, la beauté nous fait du bien. Plus encore, elle nous aide à nous réaliser, à vivre mieux. Pour nous démontrer cette conviction, il ne s’attache pas à définir les critères du beau, ce qui fait qu’une chose nous paraît belle, mais à décrire ce que la beauté nous fait. Il cerne ainsi ce qui est en jeu dans nos émotions esthétiques les plus quotidiennes, en s’appuyant non seulement sur la pensée de grands philosophes, Kant, Hegel, Freud, ou encore Platon ou Nietzsche, mais sur son itinéraire personnel, et sur un multitude de situations concrètes, puisant ses exemples aussi bien dans les arts classiques que dans les arts populaires et dans notre relation à la nature. Ce livre est un parcours en plusieurs étapes qui éclaire la façon dont la beauté 1) nous aide à retrouver notre liberté de juger, notre capacité à nous écouter, à nous faire confiance ; 2) ouvre grand notre rapport au monde, à d’autres façons de voir, à d’autres vies possibles ; 3) nous permet de nous affranchir de ce qui nous entrave, de nous dépasser et nous élever ; 4) nous apprend à nous réjouir de ce qui est, à porter un regard ébloui sur l’existence. Ainsi, la beauté nous guérit de nos doutes, de notre individualisme, de notre enfermement, de nos contradictions, de nos peurs, de notre malaise d’être humain. Bien plus qu’un divertissement, bien plus qu’un luxe gratuit pour gens cultivés, l’émotion esthétique nous offre à tous la promesse de vivre plus intensément.

Posts les plus consultés de ce blog

College 6/05/2024 - Qui veut, peut ?

Quand on veut, on peut ?  Est-ce vrai, si ce n'est pas vrai alors pourquoi le dit on ? Il n’y a pas d’expérience plus commune que de vouloir vraiment quelque chose sans toutefois l’obtenir. Alors, que cache vraiment cette expression, "quand on veut, on peut" ou encore " il faut se donner les moyens" ? Pourquoi, quand on veut, on ne peut finalement pas réussir notre action ? L'expression "quand on veut, on peut" signifie d'une manière à peine voilée, que vous ne voulez pas vraiment réussir. Et tout est dans ce "vraiment" ! Comme si c'était une simple question de volonté… C’est aussi une manière de vous dire que si vous fournissiez des efforts, eh bien ils s’avèreraient payants. C’est donc comme si, de la volonté, découlaient forcément les efforts, et des efforts les résultats. En fait, derrière cette formule, se cache l’idée que le travail paie nécessairement, et donc que celles et ceux qui réussissent le méritent car il suffit de ...

Lycée - 14 mai 2024 - Peut-on lancer un nain qui le veut bien ?

L’affaire dite du lancer de nain Le Maire de Morsang-sur -Orge avait interdit sur sa commune une attraction foraine dite "du lancer de nain". L’arrêté municipal avait été attaqué devant le TA de Versailles qui en avait ordonné l’annulation. Saisi par un pourvoi, le Conseil d’Etat annule ce jugement en insérant la dignité de la personne humaine à la liste des "principes généraux du droit" qui autorisent par décret ou arrêté les autorités publiques à prendre telle ou telle décision fondée non sur une loi (inexistante) mais sur l’un de ces principes dégagés par la jurisprudence administrative ou constitutionnelle. Le paradoxe de cette affaire est le suivant : le nain était parfaitement consentant et c’est sa dignité qu’il mettait en avant à l’appui de sa requête contre l’arrêté municipal : selon lui, ce travail lui avait redonné sa dignité (avant il vivait du RMI). Or, le Conseil d’État ne lui a pas donné raison : à la dignité invoquée par le nain, il a été opposé la d...

Poutine pourrait-il avoir raison ? Serions nous décadents ? Médiathèque 28 Septembre 2024

  S'interroger sur la notion de décadence, nous semble une nécessité. La décadence est un mot peu usité et son sens est le plus souvent lié à l'usage "historique" du mot dans ce qui supposé être la chute de l'empire romain. De manière plus religieuse ou cinématographique c'est la référence à Sodome et Gomorrhe qui est activée. La définition de la décadence donnée par le dictionnaire Larousse est celle-ci : 1. État d'une civilisation, d'une culture, d'une entreprise, etc., qui perd progressivement de sa force et de sa qualité ; commencement de la chute, de la dégradation : Entrer en décadence. 2. Période historique correspondant au déclin politique d'une civilisation. Ce que nous dirait Poutine, c’est donc que notre civilisation occidentale est finissante. Nous pourrions lui objecter que les difficultés qu’il rencontre pour « achever la bête », semble bien prouver le contraire. Pourtant, sa parole raisonne dans les médias et elle nous trouble et...