Honteuse ou glorieuse ? La journée de travail, bien sûr, s’est raccourcie. Le temps libre n’est plus réduit à la régénération des forces vitales. Mais il est toujours hanté par une idéologie qui fait du travail la source du sens et de l’épanouissement. Même dans une société où des IA nous délivreraient du labeur, ne resterait-il pas un peu de cette paresse honteuse qui nous saisit lorsque, dit Locke, nous nous évadons dans un « rêve paresseux et léthargique » pour fuir le réel ?
« Rien de ce qui est humain n’est capable de déployer une activité sans interruption. » (Aristote) Le travail peut-il donner un sens à nos vies ? Que la fatigue soit inscrite dans notre nature, et aussitôt la paresse ne saurait être condamnée. Encore faut-il qu’elle ne nous détourne pas d'une culture de l’esprit sans laquelle notre existence ne pas peut être pleinement accomplie.
Il semble bien établi que Rousseau n'accorde à la paresse aucune vertu et qu'elle soit à la racine de nombreux vices ; bref, elle est une sorte de maladie sociale : « Riche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon. »
Mais dans l'eloge à la paresse, Lafargue s'étonne de « l'étrange folie » qu'est l'amour que la classe ouvrière porte au travail alors qu'il décrit celui-ci comme « la cause de toute dégénérescence intellectuelle, de toute déformation organique ».
Pourtant cet amour n'est pas universel : les sociétés primitives « que les missionnaires du commerce et les commerçants de la religion n'ont pas encore corrompues avec le christianisme, la syphilis et le dogme du travail » y échappent ainsi que les civilisations antiques dans lesquelles les philosophes considéraient le travail comme une « dégradation de l'homme libre ».
Et albert ....
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