Ce club est la continuité du Club commencé au collège de Carbone en 2012, puis au collège de Noé de 2013 à décembre 2015. Il est aujourd'hui installé à la médiathèque de Noé et au collège du Lherm.
Rechercher dans ce blog
Pourquoi Trump ? 26 avril Noé - 30 avril Marseille -
Une double date, Marseille et Noé, pour s'interroger sur la dérive des démocraties vers des systèmes totalitaires. L'arrivée de Donald Trump pour la deuxième fois à la tête de la plus puissante des démocraties est fortement questionnant. Dans ce chemin de réflexion, la première question est celle de la validité de cette dérive.
Sondage Avril 2025 - 61 % des sondés pensent que la démocratie va mal en France
Nous avons de la chance, il existe un compteur. Chaque année, The Economist Intelligence Unit (EIU) « mesure » l’état de la démocratie dans le monde et dresse un classement des pays en fonction de cinq critères : le degré de libertés civiles, les processus électoraux, le fonctionnement du gouvernement, la « culture politique » ainsi que la participation politique. L’institut de recherche classe ensuite les pays dans plusieurs catégories allant d’une « démocratie » à un « régime autoritaire », en fonction du score obtenu.
Seul 6,6% de la population mondiale vivrait selon le rapport 2025 dans une "Vraie" démocratie.
Si 2024 fut l’année des élections. Plus d’un milliard d’adultes sont allés voter en 2024 – des Etats-Unis à l’Inde, notamment, en passant par le Brésil, le Royaume-Uni et les 27 pays membres de l’Union européenne. Les résultats révèlent des électorats en colère. Ils confirment une vague historique de « sortez les sortants » et corroborent un phénomène inquiétant : l’effacement du « centre » (gauche ou droite) et la montée continue des mouvements protestataires (de droite et de gauche). 2025 ne sera pas l’année du redressement démocratique.
Le détail des évolutions des élements principaux nous montre clairement que si effectivement le nombre de votants augmente (peut-être lié à la colère des votants), les autres éléments de mesure sont tous en baisse.
Le sentiment démocratique n'est lui aussi pas exempt de chute. Le même rapport nous donne une image de l'évolution de ce sentiment dans 12 pays.
La mesure semble que ce soit par rapport à un ensemble de critère ou au sentiment ressenti en baisse.
Quels en seraient les causes ?
Nous avons travailler plusieurs pistes à partir principalement de deux livres
Alain Callé, lui, pense que “Dans le parcellitarisme actuel, tout ce qui est de l’ordre du commun est vu comme des artefacts largement nuisibles et à déconstruire, pour ne plus laisser place qu’à des consommateurs”
Nous pouvons utiliser les définitions d'Hannah Arendt afin de classifier les différents type de gouvernances totalitaires
Comment expliquer un tel raz-de-marée ?
Nous vivons depuis cinquante ans dans l’hégémonie mondiale d’un capitalisme rentier, spéculatif et de son idéologie néolibérale. Tout cela a créé un régime de société très particulier que
Dernier point, qu’est-ce qui arrive quand aucun bloc historique n’est hégémonique ? Eh bien, on entre, à ce moment-là, dit Gramsci, dans une période de crise organique. Crise 3 organique, c’est une crise qui est à la fois économique, politique et culturelle et c’est quand les groupes au pouvoir n’ont plus le consentement des dominés et ne maintiennent leur pouvoir que par la seule coercition : la police, l’armée. Eh bien, la grande idée de Gramsci – je pense qu’il a tout à fait raison – c’est que quand un pouvoir a recours à la répression ou à des discours sécuritaires ou à des actes sécuritaires, en fait, c’est le signe que le pouvoir cesse d’être hégémonique, qu’il est en crise d’hégémonie. La définition de la crise organique, elle est bien connue, elle est souvent citée : « L’ancien est en train de mourir alors que le nouveau n’arrive toujours pas à naître : dans cet interregnum se manifestent toute une série de symptômes morbides ». En écrivant cela, Gramsci pensait évidemment, à l’époque, à Mussolini. Et cette période de crise organique est souvent, dit Gramsci, le terrain favorable à ce qu’il appelle le césarisme, c’est-à-dire l’exercice autoritaire du pouvoir par un leader charismatique, populaire qui s’appuie sur une partie du peuple contre les élites politiques traditionnelles. Et on voit comment cette conception de la crise organique et du césarisme est d’une très grande actualité dans notre 21e siècle.
Le concept le plus connu de Gramsci, le concept d’« hégémonie », mais nous allons voir qu’il est souvent mal compris. Alors, c’est quoi l’hégémonie ?
La position de John Lock sur les guerres de conquête
Ça veut donc dire que la colonisation de l’Amérique semble bien être, pour John Locke, une conquête légitime au nom quoi ? À nouveau, au nom de la croissance, de l’amélioration. Il est dans l’intérêt du « genre humain » tout entier que les Européens s’approprient les terres vierges pour les faire fructifier, mais aussi les terres que les Indiens sont, en fait, incapables d’améliorer parce qu’ils n’ont pas de notion de la propriété privée (donc justification de la colonisation).
John Locke ne surprendra personne, penseur politique de la fin du XVIIe siècle est considéré (à juste titre) comme le pionnier du libéralisme, celui qui a inspiré, entre autres, les Révolutions françaises et surtout américaines. Il est tout à fait exact que les Pères Fondateurs des États-Unis (Jefferson, Hamilton, Madison, etc.) sont pénétrés de la pensée de Locke dont ils ont appliqué (notamment dans la Constitution de 1788) tous les grands principes de droit naturel, de gouvernement représentatif, d’État de droit.
Une étude sociologique et Philosophique des raisons de ce phénomène
La démocratie est un monument qui comme un mobile tient son équilibre de son mouvement interne. Débats, affrontements d'idées, confrontations de vision et de valeur sont un ensemble d'éléments qui la définisse. Mais trop c'est trop et certains éléments et évènement peuvent pousser une dictature à se "rationaliser" ou à évoluer vers un autoritarisme qui se voudrait plus stable, c’est-à-dire moins violent (pour ceux que la situation démocratique inquiète), plus institutionnalisé, et parfois même "normalisé" sur la scène internationale. Voici un ensemble d'éléments possibles :
1. Crise de confiance dans les institutions démocratiques
La perte de l'autorité dans notre société déjà noté en 1959 par Hannah Arendt dans l'article qu'est que l'autorité dans La crise de la culture dont la définition devient la capacité à faire obéir les gens et donc à ne pas faire la différence entre violence, persuasion et autorité. Sociologiquement, la montée de la défiance envers les partis, les élus, les médias, Tocqueville l’avait vu : la démocratie peut engendrer de l’individualisme apolitique, rendant les citoyens vulnérables au besoin d’un pouvoir fort. Cela ouvre la voie à des leaders populistes ou autoritaires qui promettent de « réparer » ou « purifier » le système.
2. Exploitation des peurs collectives
Arendt insiste : les régimes autoritaires exploitent les moments de peur diffuse (terrorisme, guerre, insécurité économique). Giorgio Agamben parle de « l’état d’exception » comme mécanisme par lequel une démocratie suspend ses propres règles au nom de l’urgence. Mais l'accélération du progrès est aussi un élément de peur (la peur de ne pas suivre et de l'exclusion). La mondialisation est par elle-même une élément de stress par la concurrence extrême qu'elle engage dans ce que l'on appelle une guerre économique. Les succès guerriers (Russie) et commerciaux (Chine) de pays autoritaires posent la question de la justification du coût et de la lenteur lié à la démocratie. Imaginer une armée qui devrait organiser des élections démocratiques afin de décider toujours démocratiquement, d'un plus d'attaque pour une paire d'heure plus tard.
3. Fatigue démocratique ou illusion d’efficacité autoritaire associée à des crises économiques
La lenteur ou la complexité des procédures démocratiques et de la justice peut engendrer une frustration populaire. Le sentiment de lenteur est accentué par l'accélération des technologies dans la société. Certains appellent à un "chef fort", une « verticalité du pouvoir » (cf. Carl Schmitt : la démocratie est faible en temps de crise). Le populisme autoritaire joue sur cette attente d'efficacité immédiate.
Cette fatigue démocratique est accentuée par des crises économiques profondes Le désespoir ou la paupérisation des classes moyennes/basses peut provoquer un rejet du système libéral et représentatif. La démocratie est vue comme le masque d’un capitalisme injuste. Cela ouvre la voie à des leaders « sauveurs » (droite ou gauche extrême) promettant ordre, stabilité, grandeur retrouvée.
4. Normalisation de l’illibéralisme
Les gouvernements peuvent être élus démocratiquement mais détruire les contre-pouvoirs (justice, presse, parlement) de manière progressive. Chantal Mouffe montre que l’absence de véritable pluralisme favorise cette dérive. Mais cet aspect est aussi poussé par le désir de prise de décisions rapides qui pousse à une représentation des ces institutions ou corps intermédiaires comme des empêcheurs de faire changement. La multiplicité des 49.3 en France en est un exemple, il faut bien avancer !
5. Manipulation de la mémoire collective et de l’identité
La perte de l'autorité va créer un manque de stabilité. Claude Lefort déclare que : la démocratie repose sur une place vide du pouvoir et sur le conflit légitime. L’autoritarisme comble cette « indécision » par un récit homogène, nationaliste, identitaire. Retour d’un mythe unificateur (peuple, religion, race, grandeur perdue).
6. Perte de culture démocratique
La démocratie n’est pas qu’un système de vote : c’est un rapport à la pluralité, au débat, à l’altérité. Si les citoyens perdent ce réflexe critique, ou si l’éducation civique se délite, les discours autoritaires deviennent séduisants. Dans une société ou nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas se sentir liés au autres par le parcellitarisme actuel de la société, comment espérer que notre conscience démocratique se maintienne.
L'évènement Trump
Trump vient nous mettre le problème des démocraties sous le nez! impossible de ne pas le considérez. Trump est aussi une image frontale qui nous interroge sur la position que nous avons a adopter pour faire face.
Je place ici quelques citations d'un article de Philomag du mois de mai 2025 décrivant le totalitarisme comme étant :
1. Un avatar des crises démocratiques
Platon est le premier à consacrer des analyses à la tyrannie, principalement dans la République. Il la décrit comme l’enfant monstrueux de la démocratie. Celle-ci, écrit-il, meurt par un excès de liberté, qui produit un enivrement collectif. C’est un régime où toutes les hiérarchies sont contestées, où l’on finit par invectiver « les gouvernants en les traitant d’hommes serviles et de vauriens », alors que les gouvernés y « passent pour les gouvernants ». En fait, la démocratie mène à une forme d’anarchie. Bientôt, le peuple en est épuisé et voit dans le tyran un personnage providentiel capable de rétablir l’ordre.
2. L’accaparement du pouvoir par un seul
Au livre IX de la République, Platon fait un exercice de psychologie politique, en décrivant la personnalité tyrannique. Le tyran est d’abord un homme incapable de se gouverner lui-même, parce qu’il a lâché la bride à des désirs et des plaisirs grossiers, « de ceux qui s’éveillent durant le sommeil ». Il n’a plus ni pudeur ni sagesse rationnelle. C’est « la partie bestiale et sauvage » de son âme qui s’exprime, et « elle se souille de n’importe quelle ignominie, elle ne renonce à aucune nourriture ». C’est pourquoi l’homme tyrannique est incapable de mener une vie normale ou de s’en tenir à sa propre sphère privée, il la déborde, de même qu’il est « forcé d’entrer en compétition avec d’autres et de soutenir la lutte avec eux toute sa vie durant ».
3. L’usage de la force
Le tyran tend à faire usage de la violence, tant verbale que physique. Selon les classiques, il le fait de trois manières : il combat ses adversaires ; il joue un jeu serré contre les puissants, dans la mesure où il a besoin d’eux, s’en entoure, mais en même temps le peuple l’a mis au pouvoir par révolte contre les élites – il doit donc les ménager et les abaisser tout à la fois, en distribuant faveurs et disgrâces ; enfin, le tyran a besoin de provoquer et d’entretenir des guerres à l’extérieur, car elles justifieront les efforts qu’il va demander à ses sujets.
4. La culture du divertissement
Enfin, le tyran ne recourt pas forcément à la censure mais il excelle à engourdir les esprits. C’est ainsi que La Boétie s’en prend aux « drogueries » dont le tyran fait usage : « Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie. » Dans un premier temps, la tyrannie apparaît ainsi comme une espèce de fête abrutissante et décomplexée.
Quand on veut, on peut ? Est-ce vrai, si ce n'est pas vrai alors pourquoi le dit on ? Il n’y a pas d’expérience plus commune que de vouloir vraiment quelque chose sans toutefois l’obtenir. Alors, que cache vraiment cette expression, "quand on veut, on peut" ou encore " il faut se donner les moyens" ? Pourquoi, quand on veut, on ne peut finalement pas réussir notre action ? L'expression "quand on veut, on peut" signifie d'une manière à peine voilée, que vous ne voulez pas vraiment réussir. Et tout est dans ce "vraiment" ! Comme si c'était une simple question de volonté… C’est aussi une manière de vous dire que si vous fournissiez des efforts, eh bien ils s’avèreraient payants. C’est donc comme si, de la volonté, découlaient forcément les efforts, et des efforts les résultats. En fait, derrière cette formule, se cache l’idée que le travail paie nécessairement, et donc que celles et ceux qui réussissent le méritent car il suffit de ...
L’affaire dite du lancer de nain Le Maire de Morsang-sur -Orge avait interdit sur sa commune une attraction foraine dite "du lancer de nain". L’arrêté municipal avait été attaqué devant le TA de Versailles qui en avait ordonné l’annulation. Saisi par un pourvoi, le Conseil d’Etat annule ce jugement en insérant la dignité de la personne humaine à la liste des "principes généraux du droit" qui autorisent par décret ou arrêté les autorités publiques à prendre telle ou telle décision fondée non sur une loi (inexistante) mais sur l’un de ces principes dégagés par la jurisprudence administrative ou constitutionnelle. Le paradoxe de cette affaire est le suivant : le nain était parfaitement consentant et c’est sa dignité qu’il mettait en avant à l’appui de sa requête contre l’arrêté municipal : selon lui, ce travail lui avait redonné sa dignité (avant il vivait du RMI). Or, le Conseil d’État ne lui a pas donné raison : à la dignité invoquée par le nain, il a été opposé la d...
S'interroger sur la notion de décadence, nous semble une nécessité. La décadence est un mot peu usité et son sens est le plus souvent lié à l'usage "historique" du mot dans ce qui supposé être la chute de l'empire romain. De manière plus religieuse ou cinématographique c'est la référence à Sodome et Gomorrhe qui est activée. La définition de la décadence donnée par le dictionnaire Larousse est celle-ci : 1. État d'une civilisation, d'une culture, d'une entreprise, etc., qui perd progressivement de sa force et de sa qualité ; commencement de la chute, de la dégradation : Entrer en décadence. 2. Période historique correspondant au déclin politique d'une civilisation. Ce que nous dirait Poutine, c’est donc que notre civilisation occidentale est finissante. Nous pourrions lui objecter que les difficultés qu’il rencontre pour « achever la bête », semble bien prouver le contraire. Pourtant, sa parole raisonne dans les médias et elle nous trouble et...