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RINPP 2025- 19 et 20 Novembre 2025 - Peut-on s’engager véritablement sans être libre ?



Durant les rencontres internationales sur les nouvelles pratique philosophiques  , nous aurons la chance d'animer un débat sur le thème : Peut-on s’engager véritablement sans être libre ? Cette question sera traitée dans un processus de type "ateliers moulins" afin de faire vivre une expérimentation aux participants de ce colloque qui le souhaiteraient. 

S' le S' est très important c'est le soi, qui répond ici non à la question, car si l'on est pas libre comment être le Soi qui s'engage ?

S’engager : c’est se lier consciemment à une cause, une valeur, une personne ou un idéal. Cela implique volonté, responsabilité et durée. Si nous creusons l’étymologie du mot « engagement », nous y trouvons la capacité à « mettre quelque chose en gage ». Je mets en gage, je gage quelque chose, je m’engage. Qu’implique donc cette idée ? J’existe avant mon engagement. Si je peux mettre quelque chose en gage, c’est que celui-ci existe avant mon engagement. Il est même le préalable indispensable. J’existe avant mon engagement et mon engagement engage ce que je suis avant mon engagement.

Être libre : c’est pouvoir agir selon sa propre volonté, sans contrainte extérieure ou intérieure (peur, manipulation, ignorance, etc.).

Véritablement : c’est le mot-clé ! Il invite à se demander non seulement si c’est possible, mais surtout si c’est authentique, sincère, moralement vrai.

Si l'on s'en tiens à ces définitions la problématique est donc bien dans la nature de la volonté de l'engagement ?


La relation entre liberté et engagement est souvent prise dans le sens s'engager nous fait-il perdre notre liberté, parlons en : ici l'exemple de Don Juan qui ne s'engage jamais dans le mariage est intéressant car il ne s'engage pas dans le mariage mais il s'engage dans le voie du plaisir, son plaisir. Peut-on s'engager envers soi , le "sans engagement"  tant à la mode pourrait il être un engagement autocentré ? un engagement à ne pas s'engager autrement que pour soi ?  "Sincère sur le plan individuel, mais sceptique collectivement, l’engagement a changé d’expression" déclare Jean-Philippe Pierron dans son article L’engagement. Envies d’agir, raisons d’agir. mais jusqu'où ? Jusqu'à être un engagement monadique ?  Les techniques de développement personnel sont-elles des espaces d'auto engagement ou la cible serait uniquement nous même ? Et la philosophie dont le credo "Connais toi, toi-même" n'est elle pas un espace d'engagement pour soi, a travers soi ? la personne qui s'engage dans un parcours de remise en forme est-elle dans ce type de rapport à l'engagement ?   

Mais ce n'est pas nôtre question : Notre question est "Peut-on s’engager véritablement sans être libre ?". Si l'engagement est bien un choix, il est donc l'expression de notre liberté. Mais l'engagement a t il une nature différente selon les causes qui le génèrent ?  Si je suis obligé, contraint à un engagement (souvenons nous du service militaire obligatoire), il sera alors effectivement difficile de mesurer la part de ma propre volonté dans un engagement qui sera alors nommé l'Appel contrairement à l'Engagé qui lui signait son engagement volontaire dans l'armée. " L’engagement suppose « d’être volontaire », aux deux sens de l’expression."  déclare Jean-Philippe Pierron . Peut-on être volontaire dans la contrainte ?

Dans son article, 
Deux conditions : une de contrôle, l’autre d’engagement
Les stagiaires d’un centre de formation de la région marseillaise ont été répartis aléatoirement dans deux conditions : une condition de contrôle et une condition d’engagement. Dans la première, le formateur, ne modifiant en rien sa façon habituelle de procéder, disait en concluant sa présentation du stage : “Vous connaissez à présent le déroulement de ce stage et son objectif. Il y a des règles strictes que nous tenons à faire observer pour que les stages se passent au mieux et que l’on obtienne les meilleurs résultats. Je vous rappelle que les présences sont contrôlées, je ferai donc chaque jour circuler des feuilles de présences. Je vous rappelle aussi que toute absence injustifiée donne lieu à une retenue sur votre salaire mensuel, conformément à la législation du travail en vigueur. J’insiste donc sur le caractère obligatoire de votre présence.”

Dans la condition d’engagement, le formateur concluait très différemment sa présentation : “Vous connaissez à présent le déroulement de ce stage et son objectif. Je suis normalement tenu à un contrôle des présences, puisque chaque absence injustifiée donne normalement lieu, vous le savez, à une retenue de salaire. Mais personnellement je pense que les stages se passent mieux et qu’on obtient de meilleurs résultats si les participants sont des gens réellement motivés plutôt que s’ils suivent la formation par obligation. Aussi, c’est simple, je ne ferai pas d’appel. Je porterai chaque jour tout le monde présent et il n’y aura donc de retenue de salaire pour personne. A vous de voir si vous souhaitez ou pas suivre sérieusement cette formation.” Cette condition ne se distingue donc de la précédente que sur un seul point : le choix laissé ou non aux stagiaires de suivre assidûment la formation.

Une formation mieux appréciée et une meilleure insertion
Tous les résultats furent conformes à la théorie de l’engagement. La formation fut jugée plus intéressante et plus satisfaisante dans la condition d’engagement que dans la condition contrôle. On retrouve donc là un effet classique de rationalisation. En effet, au terme de la formation les stagiaires répondaient à un questionnaire comportant notamment deux échelles en seize points, l’une permettant de mesurer s’ils avaient trouvé la formation intéressante et l’autre s’ils l’avaient trouvée satisfaisante. Sur ces deux échelles, on enregistrera une différence significative entre les deux conditions puisque les moyennes sont respectivement de 10,87 contre 9,25 et de 11,95 contre 9,75 (p<.05 dans les deux cas).

Deuxième résultat important : le taux de placement en fin de stage fut significativement plus élevé dans la condition d’engagement que dans la condition contrôle. 56 % des stagiaires ont trouvé un emploi dans la condition d’engagement contre 26 % dans la condition contrôle. Cette différence demeure trois mois plus tard puisque les pourcentages sont de 69 % contre 35 % (p<.02). Soulignons, qu’en bonne logique, on retrouva dans la condition contrôle des taux de placement équivalents aux taux moyens de placement dans ce centre de formation, taux calculés sur les deux dernières années.

Quelques références

s’engager, est-ce perdre ou affirmer sa liberté ? 

L’engagement. Envies d’agir, raisons d’agir Par Jean-Philippe Pierron

France Inter : libre de se désengager  : La question et l’alternative qu’elle présente est à la fois un peu brutale et un peu massive, mais elle me semble nécessaire dans notre époque où l’on nous promet partout des possibilités nouvelles, mais toujours « sans engagement ». Aujourd’hui, on s’abonne à tout et n’importe quoi « sans engagement », comme si cette absence d’engagement était la nouvelle condition pour préserver son indépendance et rester libre de partir ou de rester quand on le souhaite. Comme si c’était non pas l’engagement, mais le désengagement qui devenait précisément le gage de notre liberté.

Le texte d'Alain MOURANI

Merleau-Ponty disait : «Tout engagement est ambigu puisqu’il est à la fois l’affirmation et la restriction d’une liberté. Je m’engage à rendre un service, cela veut dire à la fois que je pourrais ne pas le rendre mais que j’exclus cette possibilité». Engagement et liberté, deux mots qui peuvent nous paraître contradictoires voire totalement opposés et pourtant, ils sont tout à fait compatibles. Le paradoxe apparent entre engagement et liberté nous ramène à ces problématiques : Peuton s'engager sans renoncer à sa liberté ? Dans quelle mesure peut-on parler de liberté dans l’acte d’engagement ? En confrontant l’idée de liberté et d’engagement, la liberté renvoie au principe d’être affranchi de toute contrainte, alors que l’engagement signifie s’imposer des obligations. S’engager, c’est accepter des conditions qui déterminent ce qui est permis, ce qui est interdit et ce qu’on est obligé de faire. S’engager, c’est admettre les clauses d’un contrat dont les termes définissent nos droits et nos devoirs. Ainsi, l’engagement pousse à abandonner l’idée de liberté qui paraît de ce fait être limitée. Cependant, la décision volontaire de s’engager, de suivre, de promettre et de respecter un contrat est une preuve concrète de notre liberté. En effet, l’engagement est un acte de volonté et de décision réfléchie; il est pris en connaissance de cause et de plein gré avec la ferme détermination de l’honorer. L’engagement est un acte libre, un acte de responsabilité, un acte d’honnêteté envers soi même. Mais alors, ne pas s’engager est-ce vraiment rester libre ? Est-ce pour autant conserver et affirmer sa liberté ? Ne pas s’engager, ce n’est pas être libre car la liberté ressentie n’est qu’illusoire. Renoncer à prendre parti, choisir de ne pas choisir ou laisser le choix au hasard, c’est tout simplement réduire sa liberté à son plus bas degré qui n’est autre que l’indifférence. Mes chers amis, s’engager est vraiment la marque de notre liberté, la preuve de notre autonomie. Notre engagement Lions est l’attrait de la liberté d’expression et de communication, la liberté de pensée et d’opinion, la liberté de participation et d’action pour aider et servir les autres. Par la volonté d’engagement et par le choix des actions, nous affirmons notre fierté et surtout notre liberté d’être Lions. Avant de terminer cette réflexion, je souhaite partager avec vous deux belles phases. La première de Paulo Coelho : «La liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de choisir». La deuxième de Jean-Paul Sartre : «La liberté, ce n’est pas de pouvoir ce que l’on veut mais de vouloir ce que l’on peut». Partout où il y a un besoin, il y a un Lion Engagé et Libre. Ensemble, tout est possible. Merci de m’avoir écouté. Alain MOURANI


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